Golfe d’Aden

Le contournement par l’est de l’île de Socotra n’est pas une mince affaire. Comme dit la chanson « encore heureux qu’il eut fait beau et que le Rêve à Deux fut un bon bateau ». L’île, très escarpée, bloque le flux de la mousson de Sud Est et le courant associé et le libère par bouffées incohérentes. Un moment vous avez une gentille brise de Sud l’instant d’après c’est une rafale de Nord et peu plus loin, aucun souffle. Le flux du courant est aussi tourmenté. On mettra une bonne journée pour en sortir. Par mauvais temps ce doit vraiment être un calvaire…

Nous sommes restés bien en dehors des eaux territoriales soit au moins 12 milles de la côte. Nous n’avons donc pas vu grand chose mais le paysage aride et tourmenté héberge parait-il une végétation bien particulière. Peut-être y ferons nous escale la prochaine fois qu’on passera dans le coin.
Socotra est encore dans une partie de l’Océan Indien appelé Mer d’Arabie. Pour atteindre le Golfe d’Aden, il faut encore traverser le bras de mer qui la sépare du continent Africain. Dans le passage on retrouve notre bon alizé de mousson qui nous propulse rapidement de l’autre côté mais aussi un peu de traffic commercial. Les cargos pétroliers et autre porte-containers qui descendent ou remontent le long de la côte Africaine semblent emprunter cette route et éviter ainsi de contourner Socotra, la route doit être devenue suffisamment sûre . On aurait su….


A peine entrés dans le Golfe d’Aden, nous sommes survolés par un avion de la marine Japonaise (genre P3 Orion) qui nous demande de nous identifier. Il nous survolera tous les jours. Il semblerait que ce soit le tour du Japon d’assurer la sécurité de la zone au nom de la communauté internationale et il le font avec zèle et efficacité. En plus de l’avion il y a au moins deux bateaux de guerre. Ils diffusent des avis de mise en garde tous les 4 heures demandant de les avertir en cas de danger et de toute activité suspecte, on se sent bien gardés mais à la fois un tel déploiement de force donne la mesure du risque dans une region où la majorité des pays bordant ces côtes sont en état de guerre (Yémen, Érythrée, Somalie)
Quelle route prendre pour traverser ce golfe? La faible vitesse et les changement de direction fréquents liés à notre mode de propulsion ne nous permettent pas de naviguer dans les couloirs prévus pour le trafic commercial, que sommes nous par rapport à ces monstres de 400 m de long lancés à plus de 15 nds La majorité des plaisanciers se faufilent dans l’étroit espace restant entre le couloir montant et descendant. La protection contre toute attaque y est maximum mais ils faut dire qu’ils arrivent pour la plupart des Maldives ce n’est donc pas un détour pour eux. En plus ils arrivent en Février Mars avec la mousson du Nord Est. Pour nous ce serait un grand détour supplémentaire mais surtout on serait confrontés à des courant contraires. On a donc préféré continuer sur notre option intermédiaire: rester à bonne distance de la côte Somalienne, ne pas couper le rail (vu le nombre de cible AIS qui s’y bousculent çà ne donne pas envie) jouer aux maximum avec les courants favorables (les gribs RTOFS s’avèrent assez précis) et le vent tout en évitant de faire trop de route.


La traversée du golfe d’Aden a été en définitive très agréable. Une mer parfaitement plate, une seule journée sans aucun souffle de vent où nous dûmes avancer au moteur, un maximum de temps sous spi, même de nuit. On ne croisera pas de bateau de pêche ni de skiff de pirates. Côté négatif, beaucoup de manœuvres et les coutures du spi léger qui lâchent ouvrant la voile du haut en bas (vite remplacée par le spi lourd)et surtout la chaleur, rarement moins de 33 degrés même la nuit la mer étant elle même à 34°.
En cette première semaine d’Octobre, les gribs gfs et icon nous donnent des vents modérés à faibles sur le détroit et le Sud de la mer Rouge: des conditions idéales, profitons en!
Quoi? vous n’allez pas faire escale à Djibouti? Non, d’abord les conditions sont vraiment bonne, on a suffisamment de gasoil et de nourriture pour aller jusqu’à Suakin, en cette saison la température va être intenable ce serait dur d’en profiter, ancrage peu agréable et débarquement à terre pas facile et enfin, paramètre non négligeable: çà nous fera des économies (frais d’agent, visa et tests covid, fuel et denrées chères) et tant pis pour les bons produits français au Géant Casino…

Le 05/10/2022, à 00:45 locale nous franchissons le détroit de Bab El Mandeb, au revoir l’Indien, bonjour la Mer Rouge!

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