La Mer Rouge 1: de Bab el Mandeb à Suakin

Bab El Mandeb, littéralement: la porte des lamentations. Ce serait d’après une légende Arabe les pleurs de ceux qui furent noyés dans le séisme qui sépara l’Afrique de la péninsule Arabique en créant le fameux détroit cher à Henry Monfreid. La mer rouge est en effet un rift et les deux continents s’éloigneraient toujours d’environ 1 cm par an.

Pour nous pas de pleurs ni de frayeurs, se sera du vent léger et une mer plate sur tout le parcours (c’était la raison principale pour sauter l’étape de Djibouti). Du vent de travers au petit largue au début puis du près avec un petit clapot casse vitesse sur les derniers jours, un peu de moteur de temps en temps pour franchir un calme ou escalader les vagues d’une zone un peu plus agitée (36 heures au total).

Énormément de navires de commerce montant et descendant jusqu’à prendre l’apparence d’une file quasi continue sur l’AIS particulièrement dans la zone de séparation de trafic du détroit. Nous sommes restés bien sagement à l’extérieur, côté Djibouti et Érythrée. Ici nous n’avons pas croisé n’y entendu de force navale ou aérienne patrouillant la zone, pourtant c’est dans le coin que la dernière attaque a eu lieu : le trimaran ex Pierre 1er de Florence Arthaud lors de son convoyage vers l’Europe au début de l’année.

Nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre, au contraire, nous avons croisé de nombreux pêcheurs Yéménites qui nous ont approché pour nous vendre du poisson ou en échanger contre un peu d’eau mais toujours gentiment et sans agressivité.

Ce n’est qu’une fois passés la frontière Saoudienne et donc sortis de la zone à risque que nous avons commencé à tirer des grands bords plus vers le milieu. Il faut en effet composer avec les courants parfois forts ( 2 à 3 nœuds par endroits) qui forment des boucles et des circonvolutions assez surprenantes. Comme le plan d’eau s’élargit nettement à partir de là le trafic devient moins dense et on peut aisément couper la route des cargos sans les gêner. Dans cette zone l’activité sur la VHF est très intense en provenance des navires qui se croisent ou se rattrapent et surtout du dialogue entre le contrôle portuaire du port de Jiza et les bateaux en attente pour y rentrer mouillés pour la plupart du côté Érythrée. Sur toute la mer Rouge et le Golfe d’Aden, la portée de la VHF et de l’AIS est tout à fait étonnante : on entend des échanges parfois a plus de 100 milles et des cible AIS à plus de 150 milles. Antennes placées très haut sur ces immenses navires ou répétiteurs côtiers, je ne sais pas à quoi c’est dû. D’habitude, au delà de 30 ou 40 milles on ne capte plus rien. En tous cas, pas facile de dormir la nuit avec un tel brouhaha sur la radio.

Nous avons aussi eu beaucoup de visiteurs ailés. Çà a commencé en plein milieu du golfe D’Aden un couple de petites chouettes (ou disons de petits oiseaux de nuit – très farouches nous n’avons pu les photographier) est venu nous visiter plusieurs soirs de suite et est resté se reposer dans le mât plusieurs heures. Puis à peine passé le détroit c’est un groupe de 8 oiseaux de mer (décidément ce doit être la taille normale d’une famille voir cet article) qui sont venus se réunir sur nos panneaux solaires pour papoter et jacasser toute la nuit. A peine sont-ils partis que c’est une adorable tourterelle qui s’installe, elle restera avec nous toute la journée puis la nuit et encore le lendemain mais ce n’était pas juste histoire de faire un bout de chemin avec nous c’était parce qu’elle avait rendez vous avec son chéri qui est venu la rejoindre en plein milieu de la mer Rouge pour passer la fin de la journée et la nuit avec elle… A peine sont-elles envolées que c’est un tout petit oiseau noir et blanc qui se pose sur la barre et se laisse balancer quelques heures au gré des humeurs du pilote. Notre nouveau slogan pourrait être : « Rêve à Deux le rendez vous des oiseaux heureux » (que les « bird watchers expérimentés qui suivent ce blog n’hésitent pas à nous communiquer le nom de nos passagers, merci d’avance à eux.)

Mais nous approchons du but, et à exactement l’endroit et l’heure prévue sur notre routage, le vent tourne de 30° vers le Nord Est. A noter que depuis notre départ de Tanga, les gribs GFS (vent etc) et RTOFS (courants) se sont révélés fiables et précis, bien meilleurs que ceux du modèle ICON qui nous avait pourtant semblé meilleur dans d’autres parties du globe. Notre dernier bord vers Suakin sera très rapide est à huit heures du matin Lundi 10 octobre, nous nous présentons à l’entrée du chenal. On passe le port de commerce où des navires en bon état se mêlent à de vieux cargos de transport de bestiaux à moitié coulés. L’entrée du mouillage est très impressionnante le chenal se rétrécit jusqu’à moins de 10 mètres, il faut vraiment raser les ruines de la vielle ville, n’essayez pas d’entrer sans une bonne image satellite. A 8:45, nous sommes ancrés dans 4 mètres d’eau, Mohamed Abu Baker, notre agent, monte à bord pour les formalités.

2 réflexions au sujet de « La Mer Rouge 1: de Bab el Mandeb à Suakin »

  1. Samuel

    Bonjour ! Le premier oiseau ressemble à un gobemouche gris. Les oiseaux marins sont des sternes (bridées, peut-être ?), et puis ensuite tourterelles maillées et hirondelle de rivage 🙂
    Bon vent !

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