Le canal de Suez (1)

Première partie : de Suez à Ismaïlia

Mercredi 25/10/2022 05:45 Abullah notre pilote est là, nous sommes prêt à partir. Pour ceux qui ne le saurait pas, il faut préciser que dans tout le Canal de Suez pour tous les navires quel qu’ils soient, du plus petit voilier au super tanker de 300 000 tonnes il est obligatoire d’avoir un pilote à bord, que le skipper ou le capitaine franchisse le canal pour la première ou la centième fois.

Nous partons par temps calme juste derrière le premier porte container. Ce sera le premier du très long convoi. Un navire nous dépasse environ toutes les 10’. Ils avancent à 9 nœuds ce qui fait qu’il n’ont qu’un mille et demi pour s’arrêter si celui qui les précède s’échoue (comme cela c’est produit il y a quelques mois) sur plus de la moitié de sa longueur le canal est trop étroit pour que les bateaux puissent se doubler. Les plus impressionnants sont sans conteste les porte containers géants de la fameuse classe MEGAMAX ou MGX 24, des monstres de 400 m de long et plus de 60 mètres de large. Ils peuvent empiler les containers sur 24 rangées en longueur et autant en largeur pour un total de 23 à 25 000 VPE/TEU (20 pieds équivalent, l’unité utilisée dans l’industrie pour caractériser ces navires) mais même s’il n’emporte quasiment que des 40 pieds, çà fait tout de même plus de 12 000 boites sur un seul bateau…

Nous pensions ne voir qu’un ou deux de ces géants des mer mais en fait ils sont maintenant la majorité. Les super tanker même s’ils ont beaucoup plus lourds, sont bien moins impressionnants car ils sont beaucoup plus bas sur l’eau. La croissance de la taille de ces navires devrait ralentir car ils sont désormais au gabarit maximum du canal.

Toute la matinée et le début de l’après-midi se passe de façon plutôt agréable. Abdullah a insisté pour barrer tout le temps. Après une période d’observation on l’a laissé faire, il s’en tire très bien et avec bonne humeur.

Vers 14:00 le temps se dégrade et un gros orage nous arrive dessus. Derrière nous çà tonne en continu et les éclairs zèbrent le ciel en tous sens. La pluie arrive à son tour, diluvienne. Abdullah insiste pour garder la barre. On lui prête un ciré, mais il pleut si fort qu’il est rapidement trempé jusqu’aux os. L’averse se termine par de la grêle. Rendez vous compte, nous sommes en Egypte, il y a à peine une heure il faisait plus de 30 degrés et là, maintenant, de la glace tombe du ciel. L’averse s’arrête en fin. ça aura eu le mérite de bien rincer le sable et la poussière accumulés sur le pont et le gréement depuis que nous sommes en Mer Rouge. Domi prête des vêtements à Abdullah pour qu’il puisse se changer et éviter d’attraper du mal.

C’est alors que, soudain, le moteur cale ! La commande d’embrayage est bloquée, pas moyen de redémarrer : on doit avoir pris quelque chose dans l’hélice. On mouille l’ancre qui croche aussitôt, on est dans une zone profonde de 6 m entre le chenal et la berge, on ne court aucun danger tant que le vent ne tourne pas. Notre pilote est très inquiet et prévient le centre de contrôle de l’incident. Ils l’informent que le dernier navire du convois vient de nous passer on est donc tranquille aussi de ce côté là. Domi met ses palmes et son masque et plonge (au grand dam du pilote qui considère que c’est trop dangereux de se mettre à l’eau). Diagnostic confirmé: il y a un morceau d’aussière d’au moins 80 mm de diamètre enroulé autour de l’hélice. Il arrive sans trop de difficultés à le démêler et à le ramener à bord : c’est tout de même utile un bon entraînement d’apnée. 15’ après avoir jeté l’ancre nous redémarrons.

Les 5 milles qui nous reste jusqu’à Isamaelia nous prennent un bon moment car le vent de face qui souffle à 25 nœuds maintenant, nous ralentit fortement (un voilier ce n’est vraiment pas fait pour naviguer au moteur) mais bon, nous arrivons tout de même au Yacht Club bien avant la nuit. Notre pilote nous quitte non sans avoir remis ses vêtements presque secs et rendus ceux de Domi.

Nous sommes le seul voilier à quai, le responsable de la marina nous accueille et les autorités viennent rapidement contrôler nos passeports et notre clearance. Nous terminons la journée par une pizza commandée au cafè du Club.

Fin de la première partie

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s