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Ithaque

Heureux qui comme Ulysse… Oui, le mauvais temps est bien passé et nous pouvons enfin quitter Killini pour Ithaque la patrie mythique du héros de l’Odyssée.

Le temps est beau et le vent de 9 à 10 nœuds avec quelques calmes que nous devons compenser au moteur. Nous arrivons dans la superbe baie de Vathi en fin d’après midi et nous ancrons dans sa partie Nord Est, pas très loin du quai du petit chantier.

De là, la vue sur le village et les collines est absolument magique avec sa végétation dense d’où pointe les cônes vert sombre des cyprès. Quelle différence avec les paysages arides des Cyclades ! Et sous ce soleil magnifique, après le mauvais temps de ces derniers jours c’est un ravissement pour l’œil. Nous sommes seulement deux bateaux dans cette partie de la baie tandis qu’au village il y a une demi douzaine de plaisanciers à l’ancre et toute une flottille de charters au quai.

Le lendemain matin nous allons faire le tour de la baie à pied. Le village certes pimpant et coquet est plus joli de loin que de près. Entièrement détruit par le terrible tremblement de terre d’Août 1953 il a été reconstruit sans style vraiment défini. Les trottoirs du front de mer sont entièrement occupés par les terrasses des restaurants : les piétons doivent marcher sur la rue.. A noter aussi, ce front de mer qui s’étend autour de la baie sur au moins 2 km et qui constitue principalement un quai d’environ 1,50m au dessus de l’eau ne dispose d’aucun escalier ou échelle pour remonter si quelqu’un tombe à l’eau… Je ne sais pas quelle sont les normes de sécurité en Grèce mais je doute qu’elles soient respectées !

Le soir, en admirant le coucher de soleil sur la baie, un plan commence à se former dans nos têtes : initialement nous avions prévu de laisser Rêve à Deux dans un chantier du côté de Corfu première quinzaine de Juin pour éviter le pic de la saison touristique et revenir mi Septembre et continuer notre exploration vers le nord de l’Adriatique. Mais climatiquement parlant, il serait sans doute plus judicieux d’utiliser les prochaines semaines (nous sommes 05/05/2023) pour remonter tranquillement vers le golfe de Trieste ou le nord de la Croatie et ainsi, une fois la saison passée, pouvoir redescendre doucement vers le sud, battant en retraite devant l’arrivée du froid. Il faut donc continuer à avancer. Nous aurions aimé passer plus de temps dans cette baie magnifique et peut-être aller voir un peu de l’intérieur de cette île magique mais pas de regrets : on reviendra au retour!

Killini

Le temps est morose quand nous arrivons à Killini mais il ne pleut pas. Nous empruntons prudemment le chenal d’accès au bassin pêche et plaisance du port car il est côté à 2 m sur la carte (en fait nous n’aurons pas moins de 3,50 m sous la quille). Killini est un port de ferry très actif avec plusieurs rotations par jour pour Zakinthos et Cephalonia. Mais ils utilisent l’avant port et leurs remous n’affectent pas du tout la darse où nous sommes. Par contre, dans cette darse, il y a très peu de place à quai (ancre au milieu cul à quai) pour les plaisanciers. Il s’agit avant tout d’un port de pêche, l’un des plus importants du Péloponnése. Nous verrons jusqu’à 7 gros chalutiers à quai plus de nombreux bateaux plus petit.

Le premier Mai est apparemment aussi un jour férié ici, de nombreux commerces sont fermés et les restaurants regorgent de locaux en goguettes. La plage n’est plus praticable submergée sous des tonnes de posidonies mortes. Entre deux averses nous parcourons les ruines de la vieille cité Byzantine. Tout est d’un vert éclatant et les fleurs n’ont pas été encore affectées par les intempéries.

Depuis les vestiges du rempart Nord, on a une vue assez dantesque des sommets de Céphalonia et d’Ithaque soulignés par ce ciel tourmenté qui nous donne plus l’impression d’être en Ecosse ou en Irlande qu’au pays de l’Odyssée.

Le lendemain nous essayons d’aller visiter l’antique Olympie. Il y a des bus, mais les horaires ne permettent pas de faire la visite dans la journée il faudrait dormir à Porgos. Nous essayons de louer une voiture mais le loueur nous demande 70 euros la journée pour une toute petite voiture, kilométrage limité à 130 km (Olympia est a 65 km !) 1.5 le km supplémentaire et 400 euros de caution… devant un tel sens commercial nous l’envoyons poliment balader. Et grand bien nous en a pris : le temps médiocre est devenu franchement mauvais avec pluies diluviennes et très fortes rafales de sud. Bien que protégé par la terre, un bon clapot s’est formé dans la darse et nous avons dû reprendre quelques mètres de chaîne pour écarter le bateau du quai : heureusement qu’on était pas à Olympia.

Mercredi 3 mai, le vent souffle toujours très fort mais il ne pleut plus. On en profite pour refaire le plein de vivre frais et de gasoil. C’est pratique, boulangeries, supermarchés, poissonnier, station service, tout est à proximité. Demain le coup de vent sera passé, nous partirons pour Ithaque.

Kiparissias et Katakolon

Nous sommes passés en mode convoyage. Le but est d’arriver pour ce week-end dans un endroit ou nous soyons bien à l’abri pour laisser passer le coup de vent de Sud annoncé pour ce week-end. Cette partie de la côte du Péloponnèse possède peu de bons abris et les ports et mouillages de Zakinthos risquent d’être exposés à de fortes rafales et à la houles. Les fichiers gribs indiquent une zone beaucoup plus calme autours de Killini. Nous allons donc y aller en trois étapes de 20 à 30 milles.

Il fait beau, le vent très léger et encore au Nord-Ouest. Nous chassons les risées le long de la côte. Il est 16 heures quand nous arrivons devant le port. Nous nous glissons entre les jetées quelques minutes avant une flottille de 12 bateaux de location (la saison commence vraiment). Amarrage le long du quai. L’eau du port est un peu trouble mais on y voit s’ébattre 4 ou 5 grosses tortues de mer. La ville sans doute reconstruite après un tremblement de terre il y a une cinquantaine d’années ne présente pas grand intérêt si ce n’est ses commerces et sa gare. Il y a quelques vestiges plus ancien et les ruines d’une citadelle tout en haut. Le matin nous devons attendre que la flottille quitte le port avant de partir à notre tour : vu leur nombre ils avaient dû s’amarrer sur 3 ou 4 épaisseurs à quai devant nous et un autre bateau arrivé plus tard avait mouillé cul à quai juste derrière. Nous étions donc un peu coincés (Rêve à Deux n’a pas de propulseur d’étrave).

Il fait encore beau quand nous partons mais au bout de quelques milles nous sommes sous la pluie et le vent tombe complètement. Nous faisons tout le trajet au moteur. Juste avant notre arrivée à Katakolon, le temps à la bonté de s’éclaircir ce qui nous permet de mouiller l’ancre sans l’être nous même. Il y aurait encore à terre les ruines d’un château vénitien, mais la seule utilité du port de Katakolon est d’accueillir les grands navires de croisière qui veulent faire visiter le site de l’ancienne Olympia distant d’une vingtaine de km à leur passager. Le paquebot à quai était le Bougainville des croisières Ponant que nous avions vu la dernière fois quittant le port de Lyttleton en Nouvelle Zélande, le monde est petit. Vue le temps nous ne prenons pas la peine de descendre à terre et passons une nuit très paisible devant la plage bien abrité de la petite houle par les jetées du port.

Le Premier Mai à 7 heures nous sommes sur le pont non pas pour aller défiler avec le kamarades mais pour lever l’ancre et continuer la remontée de la côte vers Killini

Ormos Navarinou

Jeudi 27 avril 2023, nous quittons Finikounda et tirons des bords entre l’île Sapientza et Methoni. Il fait beau, le vent Ouest-Nord-Ouest n’est que de 16 nœuds mais nous prenons un ris et passons à la trinquette pour virer plus facilement dans ce passage étroit en admirant au passage le fameux fort Vénitien.

Nous continuons notre louvoyage jusque dans la baie de Navarino. L’entrée de la baie est grandiose entre le fort Ottoman côté continent et les falaises à pic de l’île qui ferment la baie de l’autre. En plus le drapeau Français flotte tout en haut de l’île. Non ce n’est pas pour célébrer notre arrivée, on est, certes, de fameux navigateurs (oui mes chevilles çà va, merci) mais pas encore à ce point… Notre étendard orne le monument commémorant la bataille de Navarino (Navarin en Français).

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Navarino fut la dernière grande bataille de la marine à voile. Elle s’est déroulée le 20 Octobre 1827 dans cette baie et a opposé la flotte Ottomane renforcée par quelques unités égyptiennes (90 navires) à une escadre alliée Anglo-Franco-Russe (27 navires). La flotte Ottomane était au mouillage, les alliés entrèrent dans la baie et ce positionnèrent face à eux: la baie est grande mais il est difficile d’imaginer autant de grands navires à voile y évoluant. D’abord, rien ne se passa et personne ne donna l’ordre de commencer les hostilités jusqu’à ce que des escarmouches éclatent et que tout se déclenche. Ce fut un massacre les Ottomans perdirent une grande partie de leur flotte et des centaines de marins. La victoire alliée a été une étape décisive de l’indépendance de la Grèce. Il est aussi très intéressant de noter la coopération très étroite et efficace entre les marines Britanniques et Françaises seulement 22 ans presque jour pour jour après la bataille de Trafalgar (21/10/1805). Si cette page de notre histoire pas très connue chez nous et les batailles navales vous intéressent lisez ces articles :

Résumé rapide : https://gr.ambafrance.org/Bataille-de-Navarin

Analyse historique: https://1821.ifg.gr/fr/chapitre-7/#article-2

Article très détaillé et bien documenté: https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Navarin

Plutôt que la marina de Pilos, (la « nouvelle » ville de Navarino) qui a l’air pleine et dont de toute façon l’entrée est très agitée par ce vent de Nord Ouest, nous préférons aller ancrer devant la grande plage de sable au fond de la baie. Nous sommes quatre bateaux à l’ancre, on ne se bouscule pas mais on sent que le début de la saison n’est pas loin.

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Derrière la plage s’étend une immense lagune d’eau salée qui est en partie parc naturel et en partie bassin de pisciculture et marais salants. Mais le plus intéressant et le plus spectaculaire c’est le château fort du vieux Navarino perché à 139 m sur le piton qui domine le fond de la baie.

Depuis le bateau ou même la plage, on ne distingue rien de particulier à part peut-être les restes d’une tour qui pourrait, vu d’en bas, tout aussi bien être un ancien moulin. Mais dès qu’on commence à gravir le piton qui gravi la face Ouest du promontoire (côté mer où soit dit en passant la pente est beaucoup plus douce que celle des falaises vertigineuses du côté lagune) on découvre les murailles d’une imposante forteresse. Celle-ci aurait été construite vers 1280 par Nicolas II de Saint Omer un noble français qui s’était établi dans la région au retour de la quatrième croisade.

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Le site est malheureusement dans un état de délabrement avancé. Il est d’ailleurs en principe fermé au public mais cette interdiction n’est matérialisé par aucune barrière ni clôture. Les remparts on gardé une grande partie de leur intégrité et du chemin de ronde, la vue sur la baie et sur les environs est époustouflante. Nous sommes dans un parc naturel, les chèvres et les moutons ne sont pas venus raser la végétation. Sur tout le parcours nous sommes entourés de fleurs aux couleurs chatoyantes: le printemps est vraiment la bonne saison pour explorer la région, en plus la température est parfaite pour marcher!

L’endroit est magnifique, nous y passons 2 nuits très agréables. Mais les prévisions annoncent une rotation du vent au secteur Sud pour les prochains jours avec un gros renforcement ce week-end, des conditions qui rendraient cette superbe plage pour le moins inconfortable. Il est donc temps d’aller chercher un bon abri.

Finakounda

Petite étape pour contourner le cap Akritas. Nous remontons entre la côte et l’île Schiza dont nous prenons soin de ne pas nous approcher car la zone qui l’entoure est un champ de tir pour les avions de l’armèe. D’après les AVURNAVs que nous recevons sur le NAVTEX, il serait en activité toute la semaine et les mugissements des réacteurs d’avion de chasse que nous entendons dans le ciel sont là pour nous le rappeller.

Nous ancrons devant la plage de Finikounda juste à côté de l’entrée du port. L’attrait principale de l’endroit (à part son mouillage bien abrité des vents de Nord Ouest à Est) c’est sa plage de sable (rare sur ces côtes ou il y a surtout des galets) mais il fait encore un peu frais et à part un camping car à l’autre bout, il n’y a pas un seul touriste en vue.

Dans les rues du village, la moitié des quelques commerces sont d’ailleurs encore fermés. Par contre il y a un très bon super marché un peu à l’intérieur. Même en saison l’endroit doit être un lieu de villégiature familiale plutôt calme.

Pourquoi ne pas avoir pousser quelques milles plus loin jusqu’à Methoni beaucoup plus célèbre grâce à sa magnifique citadelle vénitienne bâtie sur la digue ? Tout simplement parce que la partie abritée de la rade de Methoni nous semblait trop peu profonde (entre 2 m et 2,50 m sur la carte) un comble dans ce pays ou c’est plus souvent l’inverse. Notre choix sera récompensé par la tranquillité du lieu et une nuit très paisible seul à l’ancre.

Koroni

Mardi 25 mai 2023, départ au petit matin de porto Kayio pour quitter la baie avant que les rafales catabatiques ne commencent à tomber des montagnes. On s’y prend tellement bien qu’une fois passé le cap Tainaron (l’une des pointes les plus Sud d’Europe continentale après celles formant la rive nord du détroit de Gibraltar) c’est un vent très léger qui nous fait traverser le golfe de Messiniakos au près serré. Notre escale du jour c’est Koroni sur la rive ouest de cette grande baie.

C’est une jolie petite station balnéaire blottie auprès d’une imposante citadelle Vénitienne. Par le vent modéré de secteur Ouest prévu pour la nuit, le mouillage est excellent. Par contre je n’aimerais pas trop m’y trouver par fort vent de secteur Nord-Ouest à Est Nord Est pour lesquels la digue n’offre aucune protection.

La ville toute en longueur au pied de la colline qui domine le port est coquette avec ses maisons bien restaurées. Elle est aussi très calme, peut-être la saison n’a-t-elle pas encore commencée ici. Connue depuis l’antiquité Koroni a connu son heure de gloire de 1200 à 1500 lorsque les Vénitiens en firent l’une de leur 2 plateformes commerciales et militaires dans la Région (l’autre étant Methoni de l’autre côté de la péninsule).

Les 2 citées étaient surnommées « les yeux de Venise ». Les murs extérieurs côté mer semblent avoir beaucoup souffert, tremblement de terre, érosion ou bombardement, nous ne le saurons pas.

Porto Kayio (Péloponnèse): premier mouillage de Rêve à Deux en Europe continentale depuis Cascais en Juillet 2018

Khania, dimanche 23/04/2023 vers 13:00, nous larguons les amarres cap sur le Péloponnèse.

Nous aurions peut-être dû rester plus longtemps en Crète et continuer notre découverte de cette grande île mais la météo était vraiment trop favorable on ne pouvait pas laisser passer ce créneau: vent d’Est d’une douzaine de nœuds et pratiquement pas de houle.

Alors que le soleil décline sur l’horizon, nous passons sous le vent d’Anti Kethyra la petite sœur de Kethyra (Cythère) Le spectacle des falaises ainsi éclairées est fantastique. Le reste de la nuit est plus compliqué, les conditions sont toujours excellentes mais nous coupons à travers une voie maritime fréquentée très nombreux navires provenant du (ou allant vers le) passage entre le cap Maleas (extrémité SE du Péloponnèse) et Cythère qui canalise effectivement la plus grande partie du trafic maritime entre la mer Égée et la Méditerranée occidentale (mer Ionienne comprise vu que le canal de Corinthe est temporairement fermé). En plus de la circulation Est Ouest / Ouest Est, vient s’ajouter les départs inopinés de navires en attente dans le golfe de Lakonikos (ils sont nombreux). Étrange que les autorités maritimes n’aient pas institué un dispositif de séparation de trafic dans cette zone : c’est vraiment le bazar ! Il faut vraiment rester bien éveillé un œil sur les cibles AIS de l’écran, l’autre sur les feux des navires et surtout ne pas hésiter à utiliser la VHF pour clarifier les intentions des cas les plus litigieux, échanges comme d’habitude fort aimable et le cargo se déroute légèrement pour nous laisser passer.

Porto Kayo est une baie très spectaculaire. Rives escarpées, falaises à pics, monastères adossés à la montagne et petites plages de sable. On peut dire que pour nos retrouvailles avec le continent Européen (nous n’avions jusqu’à aujourd’hui touché que des îles, Européennes certes, mais pas le continent proprement dit) nous n’avons pas choisi un endroit qui laisse indifférent ! Mais qui dit relief tourmenté dit fortes rafales et cette baie n’y déroge pas particulièrement à l’entrée et au milieu.

Par contre une fois bien enfoncé près de la plage dans la partie sud ces rafales sont beaucoup plus modérées. Ceci dit il n’y a que 12 à 15 nœuds établis à l’extérieur je ne préfère pas imaginer l’endroit par 30 ou 40 nœuds ! Ballade agréable jusqu’à la chapelle de l’entrée puis dans les près derrière le village (vive le printemps et ses fleurs) et nous rentrons à bord pour une bonne nuit de sommeil récupérateur.

La Crète 5: Khania (suite et fin)

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Au musée municipal, c’est une exposition de jouets et de vieilles photos noir et blanc retrouvés dans des greniers, des débarras et même des poubelles. Les clichés et les babioles rassemblés racontent aussi cette période mais vue sous un autre angle. La mise en scène très figée des sujets photographiés est intéressante.

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Samedi soir, le premier ministre fait une allocution sur un podium dressé sur la place de la mairie à 2 pas d’où nous sommes amarrés. Depuis le matin la police quadrille le quartier, les pelotons des forces anti émeute (l’équivalent de nos CRS) se planquent dans les ruelles adjacentes, les hommes des services spéciaux en treillis camouflés et lunettes de soleil fument près de leurs véhicules, on voit même des chiens renifleurs à la recherche d’éventuels explosifs. A l’heure prévue il y a beaucoup de monde sur la place, un peu de musique techno pour patienter et finalement le premier ministre arrive, applaudissements, quelques feux à main brûlent sur la jetée et l’homme fait un court speech, ré-applaudissements et il est parti. Pas de concert de casseroles, pas de casseur ni de gilet jaunes : y savent pas y faire les Grecs…

Super jolie ville donc mais pour faire les courses, passez votre chemin, un ou deux prétendus supermarchés minuscules (on trouvera tout de même les quelques bananes qui nous manquaient) et pour le pain il faudra aller jusqu’aux quartiers modernes pour en trouver 3 la seule boulangerie de la vieille ville ne pouvant nous en vendre qu’un seul. Heureusement on avait pris nos précautions à Rethymno!

La Crête 4: Khania

On quitte Rethymno le 21/04/2023 vers 9 heures par un petit vent d’est idéal pour rallier notre objectif de la journée, Chania (Khania ou La Canée), sous grand spi.

Chania est une grande ville, elle a longtemps été la capitale de l’île avant d’être détrônée par Heraklion mais avant tout elle est célèbre pour sa vieille ville et son port construit au 12ème siècle par les Vénitiens pour qui Chania était une plaque tournante commerciale très importante. L’entrée est toujours matérialisée par le phare au bout d’une longue jetée tous deux d’époque. On vient s’amarrer à quai au pied des bâtiments du port eux aussi d’époque, c’est un ravissement pour l’œil. A peine Rêve à Deux rangé, nous nous précipitons en ville.

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Les ruelles étroites et sinueuses au sol dallé et bordées de bâtiments de pierres ocres sont un vrai régal. Bien-sûr il y a énormément de bars, restaurants et autres cafés ainsi que de petits hôtels de luxe ou plus modeste mais dans l’ensemble conçus avec goût et ne nuisant pas aux charmes du lieu.

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Nous sommes étonnés par le nombre de touristes arpentant les quais ou assis au terrasses, nous sommes encore loin de la saison estivale, il y a beaucoup de Français sans doute les vacances de Pâques…

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Une exposition se tient dans le superbe grand hall municipal juste à côté de l’endroit où nous sommes amarrés. A travers des photos d’époque, elles retracent une page douloureuse de l’histoire de la Crète: l’accueil des réfugiés chrétiens orthodoxes Grecs et Arméniens chassés de Turquie et d’Asie Mineure du début du Vingtième Siècle jusqu’à la deuxième guerre mondiale.

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Conséquences de ce qui pourrait être assimilé à un nettoyage ethnique pratiqué des deux côtés parce que les musulmans Crétois (pourtant des autochtones convertis et non des envahisseurs ottomans) furent aussi contraints à fuir vers la Turquie. Plus de détails sur ce lien. A noter que la Crète n’a été libérée du joug Ottoman et rattachée à la Grèce qu’en 1913 soit près d’un siècle après l’indépendance.

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La Crête 3(en voiture)

Aujourd’hui, programme plus raisonnable en terme de distance à parcourir! Nous irons d’abord au monastère d’Arcadiou puis aux grottes de Sfendoni pas plus de 130 km aller et retour, çà nous laissera du temps pour profiter du paysage. Et ça vaut le coup de l’admirer. Dés que l’on quitte la nationale, la petite route serpente à flanc de coteaux parmi les vignobles, les oliveraies et les garrigues fleuries, longeant parfois des vallées abruptes. Si on en croit les enseignes de la coopérative, ici ce sont des vergers bio et en plus ils sont beaux.

Au détour d’un virage, le monastère apparaît, c’est un édifice carré, assez massif de l’extérieur et de l’intérieur, l’ensemble fait penser un peu au type de bâtiments religieux que l’on pourrait trouver en Amérique du Sud (Mexique?) avec les clochers de son église d’un style proche du baroque Espagnol et ses enduits de teinte ocre rouge des murs. Mais non, nous sommes bien en Crète et le monastère a été fondé au 5éme ou 6ème siècle par les byzantins. Il a bien entendu subit depuis de nombreuses restaurations et modifications dont la façade de l’église qui est due à un architecte Italien du 16ème siècle.

Sous l’occupation Ottomane le monastère à joui d’un statut particulier qui a permis à ses occupants de continuer leur mission sacerdotale tout en cultivant leurs vignes et leurs vergers.

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Il est rentrer tragiquement dans l’histoire pendant la guerre de libération en 1866 (depuis l’indépendance de la Grèce en 1825, la Crète était restée sous le joug Ottoman) la résistance Crétoise avait établi son quartier général à Arcadiou avec tout le support de son Patriarche.

Lors de la phase la plus sanglante de la répression Turque, les résistants et leurs familles s’étaient naturellement réfugiées là et se sont retrouvées assiégées par les troupes Turques. Après plusieurs jours de combats acharnées les canons turcs ont finalement eu raison de la porte d’entrée et les femmes et enfants enfermés à l’intérieur se sont fait sauter plutôt que de tomber entre les mains de l’ennemi. Cette épisode a beaucoup ému l’opinion internationale et a contribué à renforcer la détermination de la résistance Crétoise tout en affaiblissant fortement la position des Turcs (pour plus de détails, voir cette page).

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Après le rattachement à la Grèce, les bâtiments ont été réparé. Ils sont maintenant très bien restaurés et ouverts au public, en plus de l’église et des différentes salles et logements des anciens occupants, on peut y voir des icônes anciennes, des manuscrits et des habits sacerdotaux ainsi qu’une exposition retraçant l’histoire du monastère. On a même pu acheter du vin et du miel produit par les popes.

Nous sommes redescendus par une vallée encaissée pour traverser une plaine où se pratique la culture (très) intensive de l’olivier : ça donne vraiment envie de n’acheter que de l’huile bio…

Pose casse-croute au café du coin, les tourtes au fromage et saucisses n’étaient pas terribles mais la patronne avait un beau sourire et elle nous a offert la boisson et le dessert (les touristes ne doivent pas s’arrêter souvent chez elle…)

Sortis de cette plaine le paysage redevient grandiose creusé de vallées profondes avec en arrière plan, les sommets enneigés. Par contre les villages ne sont pas très attrayants. On est loin de ces petites merveilles auxquelles nous avaient habitué les Cyclades et le Dodécanèse. Ici à part les églises, peu de maison en pierre, la plupart sont des cubes de béton brut conséquence de tremblements de terre ou du manque de moyen des habitants, difficile à dire.

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Le grottes de Sfendoni sont à mi-pente d’une colline escarpée, on peut y arriver en voiture. Ce n’est pas le gouffre de Padirac ni les grottes de Han mais les 3 ou 4 salles ouvertes à la visite sont très belles, avec des concrétions remarquables.

Nous reprenons la mer demain, il est temps de redescendre pour faire les courses. Comme on a la voiture on en profite pour passer dans un grand super marché afin de bien remplir la cambuse et la cave : après toutes les vignes que nous avons vu, une petite provision de vin crétois s’impose !