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Mayotte: le département français du désespoir

Le parcours de Mayotte à travers l’histoire n’a jamais été un long fleuve tranquille et tant s’en faut. Premier peuplements venant du continent Africain, envahisseurs Arabes, luttes incessantes avec les îles voisines de l’archipel des Comores et entre ses propres sultans, traite des esclaves par les Arabes et les Indonésiens puis les Portugais, Mayotte entre finalement dans le giron de la France pendant la dernière partie du 19ème siècle dans le cadre d’un protectorat regroupant l’ensemble des Comores et Madagascar. C’est aussi l’époque de l’abolition de l’esclavage qui est rapidement remplacé par le travail forcé dans les plantations.

Couverture de la BD Mayotte rencontre de peuples et de civilisations de Nassur Attoumania
ISBN :978-2-7468-3905-2

Après la deuxième guerre mondiale, L’ONU fait pression sur les puissances coloniales comme la France pour rendre leur indépendance aux peuples autochtones. En 1974 la France s’apprête à signer un traité faisant de l’ensemble de l’archipel des Comores un nouveau pays libre et indépendant. Mais les mahorais voient d’un très mauvais œil d’être amalgamés aux autres îles de l’archipel avec lesquelles ils se sont tant battus par le passé. Ils font pression sur le gouvernement et un référendum, pour ou contre l’indépendance est organisé séparément dans chaque île. Mayotte vote à une écrasante majorité contre, alors que le reste de l’archipel fait le choix inverse. Mayotte devient Territoire d’outre-mer. Ce n’est qu’en 2009 qu’un nouveau referendum est organisé et que l’île devient le 101ème département Français. Mais la paix et la sérénité de l’archipel ne sont pas pour autant au rendez-vous.

Ce département, qui compte 275 000 habitants officiellement recensés (mais plus de 300 000 en réalité), ne dispose pratiquement d’aucune ressource, pas d’industrie ni d’agriculture (à part quelques maraichers régulièrement pillés et une production anecdotique de vanille et d’ylang-ylang), très peu de pêche, un tourisme exsangue malgré un cadre magnifique. Des efforts semblent être fait au niveau des infrastructures (port, aéroport) mais les petites communes manquent d’infrastructure collective, le réseau routier est saturé et dans un état déplorable, les bâtiments publics ne valent guère mieux. A titre d’exemple, dans le centre historique de Dzaoudzi – chef lieu officiel du département- depuis les secousses sismiques de 2019 qui ont légèrement endommagés de nombreux bâtiments, tout est laissé à l’abandon… sauf la caserne de la légion étrangère qui a été entièrement remise à neuf…çà en dit long sur les priorités! Nous ne sommes ni sociologue ni économiste mais combinez cette situation déjà désastreuse à une forte immigration clandestine et une démographie galopante et on se retrouve en présence de tous les ingrédients d’un cocktail explosif.

Et de fait, avant de venir et lors de notre arrivée, beaucoup de gens nous avait dit faite attention ne sortez pas seul surtout le soir, il y a beaucoup d’agressions. Nous ne voulions pas trop y croire, et fort heureusement il ne nous est personnellement rien arrivé pendant notre séjour mais en revenant de Kweeni… la personne qui nous prend fort aimablement en stop insiste pour nous amener directement à la barge (le bac qui relie Grande terre et Petite Terre) « je n’avait pas prévu d’y aller » nous dit-il « mais c’est plus prudent parce qu’hier, ici, c’était la guerre, des jeunes se battaient avec le forces de l’ordre à coup de barres de fer de haches et de machettes ils ont cassé des voitures et mis le feu » (un coup d’œil sur Mayotte la Première confirme les faits).

Violences à Kaweni. Crédit photo: Mayotte la 1ère

A peine rentrés au club on apprend que sur petite Terre un magasin vient d’être mis à sac et le local technique de la mairie vandalisé, butin de l’opération : une douzaine de machettes et plusieurs tronçonneuses et ce n’est sûrement pas pour jardiner. Qui sont les auteurs de ces actes ? Des voyous ? Des émigrés clandestins ? Non ! Ce sont des enfants de 9 à 17 ans avec des papiers en règle pour la plupart. Le livre de Nathacha Appanah Tropique de la violence (ISBN : 9782070197552) donne une idée poignante de la situation.

Nous avons aussi assisté en direct à un autre événement dramatique alors que nous quittions l’île mardi 24 août 2022, à 08:30, le CROSS diffuse un MAYDAY RELAY sur le canal 16. Quelqu’un vient de signaler une coque renversée dans le lagon sud. Étant déjà plusieurs milles au nord de l’île, nous mettrions une bonne demi journée pour arriver sur place, nous continuons donc notre route, mais anxieux, nous écoutons les échanges à sur la VHF. Très rapidement un hélicoptère et des embarcations de secours arrivent sur zone. Après quelque temps de recherche, les premiers naufragés sont repérés mais ce n’était qu’un début, le dernier message du CROSS avant que nous soyons hors de portée faisait état de non plus une mais quatre kwasas (barques locales) renversées. De nombreux naufragés avaient été récupérés mais une dizaine de personnes dont 5 enfants manquaient toujours. Le vent soufflait à 20-25 nœuds mais la mer n’était pas mauvaise qu’est qui a provoqué ce drame ? Sans doute les embarcations surchargée et le choix d’une passe difficile pour éviter d’être repérer. Ce type d’accident dramatique est malheureusement tellement fréquent que les médias n’en parlent même plus Mais pourquoi prendre de tels risques?

Anjouan, la Comore la plus proche n’est qu’à une quarantaine de milles, à peine une nuit en kwasa même surchargé. La différence de niveau de vie entre le département et ces îles parmi les plus pauvre du monde semble tel qu’il justifie amplement le risque aux yeux des malheureux. Le service de santé de ce pays est extrêmement cher quand il existe. Bien sûr beaucoup seront reconduit chez eux, quelques uns passerons entre les mailles du filet et s’évanouiront dans la nature ou ils essayerons de se faire oublier. Ceci est le moyen le plus risqué, mais il y a aussi les simples visites à la famille (malgré des siècles de conflit la proximité des îles fait que beaucoup de familles ont des proches ici) qui s’éternisent. Dans tous les cas, les femmes enceintes proches d’accoucher sont prises en charge et en vertu du droit du sol le bèbè est automatiquement français. Les mères venues en kwassas sont ensuite expulsées les autres sont contraintes de rentrer chez elles faute de visa et de travail mais plutôt que de repartir avec leur enfant et l’exposer à une vie de misère elles préfèrent l’abandonner sur place ou il pourra bénéficier de tout les bienfaits de notre glorieuse république. Sauf que… passé la toute première période les proches qui ont pu s’occuper de l’enfant quelques temps n’en ont plus les moyen et au bout de quelques années le gamin se retrouve livré à lui même, sans école, sans éducation sans autre référence que les bandes et leurs sombres trafics. Plus de 10 000 enfants vivant sur l’île ne seraient pas du tout scolarisés.

Dans un domaine beaucoup moins violent, Porani ce village paisible de la baie de Bouéni. Commerçants sympathiques et maisons pimpantes peintes de couleurs vives mais barricadées de tôles, rues jonchées d’épaves de voitures au pneus crevés, ordures partout et égout à ciel ouvert à l’odeur pestilentielle se déversant directement dans la mangrove: est-ce un cadre propice à l’épanouissement d’une jeunesse qui a déjà perdu tout espoir.

Que faire pour Mayotte ? Cette situation devenue endémique et se détériorant de jour en jour est malheureusement un tremplin pour l’extrême droite et ses discours sécuritaires ainsi que le retour chez certains d’une attitude colonialiste.

Notre ministre de l’intérieur à fait le déplacement pendant notre visite. Quelles solutions propose-t-il ? De réformer le droit du sol pour éviter que les enfants nés d’immigrés ne deviennent automatiquement français et de créer des camps d’internement éducatif gérer par l’armée pour les enfants trop jeunes pour être mis en prison… peu de chance que çà les rendent moins violent ! Mais la solution n’est sûrement pas simplement dans la répression une sécurité renforcée, plus de flics, de verrous et de barbelés. Non ! Il faudrait sans doute essayer de doter l’île d’une vraie économie permettant le plein emploi, renforcer l’infrastructure dans les villages et les quartiers, développer le système éducatif et social et pourquoi pas travailler en étroite coopération avec le gouvernement des Comores pour que des comoriens n’aient plus besoin de prendre ce tels risques. Ce reportage de France Info de 2013 reste plus que jamais d’actualité et résume bien la situation actuelle du département.

Nous ne sommes que de pauvres navigateurs au long cours, que pouvons nous comprendre à une situation aussi complexe après seulement quelques semaines passées sur place ? Pas grand-chose sans doute ! Mais ce que nous avons vu nous a fait très mal au cœur !

Village Mahorais, céramique de Marcel Séjour

Mamoudzou

Prendre la barge à Dzaoudzi est d’une facilité déconcertantes. On amarre notre annexe au ponton, on fait quelques pas sur le quai pour embarquer et on arrive quelques minutes plus tard directement au centre de Mamoudzou

L’Intermarché Baobab est le plus gros de l’île. Le quartier où il se trouve est séparé de la gare de la barge par une colline surplombant la baie et parcourues de petites rues animées et colorées.

La seule librairie de l’ile se trouve sur une grande place, devant le port, entourée de jolies maisons restaurées.

Dzaoudzi le centre historique

Exploration urbaine entre deux navigations.

Le centre historique de Dzaoudzi est à voir même si tout est à l’abandon en grande partie en raison des tremblements de terre faibles mais répétitifs qui frappent régulièrement ce bout d’ilot

Pour relier Petite terre à Mamoudzi il y a deux bacs, la « barge » qui part du côté Est du rocher et « l’amphidrome » utilisée principalement pour les camions et qui part du côté Ouest. L’aller et retour pour les piétons ne coute que 0,75 centimes d’euros que l’on paie au retour de Mamoudzi.

Certains bâtiments sont fissurés et leurs fondations seraient endommagées

Un des plus beau monument de l’île est l’ancienne résidence du gouverneur / ancienne préfecture dessinée en 1881 par le grand Gustave Eiffel. Le bâtiment se délabre mais d’après le panneau à l’entrée les subventions de l’état et de l’Europe devrait permettre de lui redonner un jour son éclat. Il suffit d’attendre patiemment que les travaux commencent…

L’hôpital est désaffecté et le musée est définitivement fermé

Première sortie dans le lagon et une découverte ennuyeuse

Nous sommes depuis deux jours à Mayotte et déjà nous avons la bougeotte. Tous les gens que nous avons rencontrés nous ont tellement vanté la beauté du lagon, de ses baies et de ses multiples îlots que nous bouillons d’impatience d’en faire le tour.

En partant de Petite Terre, Il est plus facile de contourner Grande Terre en passant par l’Est puis le Sud de l’ile et remonter le long de la côte ouest. C’est ce que nous avons choisi de faire mais si nous sommes pressés d’y aller, nous voulons prendre notre temps pour profiter au maximum de ce magnifique endroit. En plus, tout le lagon est parc naturel et des corps morts ont été placés un peu partout pour permettre de s’arrêter pour la nuit ou pour une simple plongée sans avoir à ancrer et risquer d’abimer les coraux

Premier arrêt au bout d’une heure et demie devant l’îlot Pengoi juste à côté de la fameuse passe en S. Baignade et snorkeling dans l’eau cristalline. A peine dans l’eau, nous rencontrons une magnifique tortue. Le récif est très beau est très poissonneux. Après déjeuner nous tirons des bords jusqu’à la baie de Saziley mais la houle y rentre librement et la bouée est bien trop près du récif pour que nous puissions espérer dormir sereinement. Nous revenons sur nos traces jusqu’à l’île de Bandrélé et sa belle plage de sable bien abritée où un des 2 corps morts se libère juste quand nous arrivons.

Le lendemain matin Domi a décidé de se baigner de bonne heure (faut bien se laver!) mais à peine à l’eau il remonte à bord en vociférant …. En levant la tête il a vu que le D2 (hauban intermédiaire) bâbord avait des torons cassés. Pendant qu’il recherche un moyen de réparer vite fait, j’inspecte rapidement le gréement et découvre que les 2 bas haubans (D1) sont aussi endommagés. Tout les câbles ont dû souffrir dans la très mauvaise mer que nous avons rencontré avant La Réunion. Peut-être aussi avaient-ils été mal réglés par le gréeur quand nous avions re-mâté en Nouvelle Zélande. Dans tous les cas nous avons eu beaucoup de chance de nous en apercevoir ici dans un lagon tranquille, une rupture au milieu de l’océan aurait pu avoir de très graves conséquences. Mais c’est un gros coup pour notre moral, avec à la fois le D2 et les 2 D1 dans cet état, plus question de bricoler quelque chose avec du dyneema: il faut en faire faire des neufs et les changer et si çà prend trop de temps, cela pourrait même de nous obliger à modifier notre itinéraire pour la suite du voyage.

Fini donc le tour de l’île! Il faut mesurer très précisément les câbles défectueux et rentrer à Dzaoudzi pour commander les remplacements au plus vite. Il y a peut-être une possibilité de les faire faire ici ou à La Réunion sinon il faudra les faire venir de métropole. Mais rien ne sert de s’affoler, nous sommes samedi, tout est fermé on va quand même rester à Bandrélé une nuit de plus et profiter du récif et de la plage… .

Mayotte, département français méconnu (1)

Grande Terre, l’île principale de Mayotte est reliée à Petite terre par la barge, c’est comme çà que les habitants du département appellent les bacs (sorte de ferries) qui font des allers et retours plusieurs fois par heure entre Mamoudzou, le chef lieu du département et Dzaoudzi. Dzaoudzi (maintenant réunie à la commune de Labattoir) à longtemps été la capitale du territoire car perchée sur son rocher elle était plus facile à défendre que Mamoudzou. La deuxième ville de Petite Terre est Padmanzi, c’est là que se trouve l’aéroport où les avions arrivent de métropole et de la Réunion mais aussi du Kenya, de Madagascar et même d’Afrique du Sud.

Notre première ballade (de la façon très relax dont nous marchons on ne peut décemment pas parler de rando) sera le tour du Lac Dziani. Il est enchâssé au fond d’un ancien cratère volcanique. Son eau est deux fois plus salée que la mer et sa composition chimique se rapproche …de celle du savon, une absence d’oxygène et des micro algues qui se nourrissent de gaz carbonique et de méthane. Il donne un aperçu de ce que les océans ont pu être il y a 3 milliards d’années d’où son surnom de Jurassique. Sa couleur verte fluo ajoute à son mystère et à sa beauté.

En en faisant le tour par le sentier aménagé nous avons découvert non seulement ce lac si particulier mais en plus, des vues incroyables sur tout le lagon Est.

Les pentes sont couvertes de robiniers (Robinia pseudoacacia), d’acacias (Acacia auriculiformis) et de faux mimosas (Leucaena leucocephala), espèces non endémiques et considérées comme plus ou moins invasives mais bon! Ces arbres sont tout de même beaux à regarder!

Sur les pentes côté terre, il y a des cultures (tarots, bananes , papayes) et aussi quelques vaches.

le Cardinal

au retour nous passons au marché couverts pour quelques fruits et légumes (très beau mais très chers) et profitons du retour des pêcheurs pour leur acheter un beau morceau de thon frais.

Caribou à Mayotte

Non on ne va pas vous raconter qu’un grand cervidé d’origine canadienne s’est échoué sur une plage de ce département français proche de l’archipel des Comores! Caribou (s’écrit parfois karibou ou karibu) signifie bienvenue en Mahorais (langue dérivée du Swahili) c’est donc par ce mot que les bénévoles de l’ACMH (le club de voile local) nous ont accueilli.

départ de la Réunion

La traversée depuis la Réunion c’est passé sans histoire. Nous avions pris de la marge pour être sûr de passer le cap d’Ambre au bon moment et avec les meilleures conditions possible (voir fin de l’article précédent) et du coup** on a pu naviguer relax sans avoir à pousser la machine sur toute la première partie. Par contre on a été surpris par le courant que les modèles RTOFS et Copernicus qui nous donnait favorable sur une grande partie du parcours et qui s’est avéré contraire la plupart du temps. Bien sûr à partir d’une cinquantaine de mille avant le fameux cap il était bien avec nous, avec une force de 2 à 3 nœuds comme indiqué, C’est un des grands mystères de l’Océan Indien : la trajectoire tortueuse des courants !  Pourquoi en plein océan, le courant peut être Est Ouest à un endroit, dans la direction opposée à quelques milles de là et perpendiculaire un peu plus loin ? Difficile d’optimiser la route dans de telles conditions, la plus directe reste donc la meilleure option. Autre surprise, nous sommes remontés de 23°S à moins de 12°S et pourtant, la nuit, la température restait plutôt fraîche, nous contraignant à fermer la portière de notre véranda et à mettre une petite laine. Il a fallu passer de l’autre côté du cap et commencer à redescendre vers Mayotte pour trouver des températures plus chaudes.

Dimanche matin à encore environ 6 heures du cap d’Ambre les gros nuages sombres, accompagnés de grains pouvant aller jusqu’à 28 à 30 nœuds nous ont incité à réduire la voilure et rester sous toilé. Mais en milieu de journée, pour le passage du cap proprement dit, ciel parfaitement était dégagé avec un vent de Sud Est stable d’une vingtaine de nœuds, un bon courant portant et une mer belle. Des conditions idéales pour cette zone réputée difficile, qu’elle chance me direz vous, sans doute, mais surtout on s’est présenté pile au bon moment, celui pour lequel nous avions choisi cette date de départ illustrant une nouvelle fois l’intérêt de ne pas hésiter à partir dès qu’un bon créneau météo se présente. La lumière sur la côte aride de cette péninsule était magique. On n’aurait bien aimer visiter Madagascar mais le pays est toujours fermé pour les voiliers, dommage !

Là dernière partie de la traversée a été très agréable dans une mer plutôt plate et un ciel sans un nuage avec juste quelques heures de moteur pour retrouver l’alizé après la zone de calme générée par le dévent de Madagascar.

Arrivée dans le lagon mardi 02/08/2020 en fin de matinée, 920 milles en moins de 6 jours malgré les courants et la voilure toujours très conservatrice. Appel VHF à Mayotte Traffic Contrôle pour signaler notre arrivée (« du coup** vous avez prévenu le Maitre de Port que vous arriviez? »). Le courant de la marée descendante sortant de cet immense lagon est assez fort, jusqu’à 3 nds dans les passages étroits mais ne crée apparemment pas de barre ni même de remous. Les passes sont très bien balisées et les alignements bien visible. Caroline de l’ACHM nous trouve un corps mort libre pas trop loin du club et des pontons de Dzaoudzi. Et c’est là que nous faisons nos premiers pas sur l’île. Jérôme nous inscrit comme membre invités du club ce qui nous donne le droit d’utiliser gratuitement le corps mort pendant 15 jours (après c’est 20 EUR/mois!) et les facilités du club. De là nous prenons un taxi (collectif, 2EUR/personne) pour l’aéroport où se déroulent les formalités d’arrivée. En guise de formalités c’est juste un tampon de la PAF (Police de l’Air et des Frontières) sur notre déclaration d’entrée (à renvoyer ensuite au Maître de Port), le douanier nous dit que çà suffit et qu’il n’y a pas besoin du sien.

Nous rentrons à pied histoire de nous dégourdir les jambes et de découvrir un peu les environs. Arrêt à la boulangerie et au quai des pêcheurs où nous achetons une belle tranche de thon. On termine la journée au club. Domi interroge des membres pour essayer d’en apprendre un peu sur cet archipel notamment sur les choses à voir et les bons mouillages; c’est ainsi qu’il découvre l’existence du Parc Marin de Mayotte qui a installé des corps morts un peu partout autour de l’île principale et des îlots (https://parc-marin-mayotte.fr). Moi je suis en grande discussion avec André, le charpentier de marine au passé passionnant qui a roulé sa bosse du Vanuatu à ici en passant par Tours, La Charente et surtout Madagascar. Nous rentrons à bord pas trop tard, la traversée à beau avoir été cool, on a du sommeil à rattraper !

**du coup: expression française actuelle utilisée systématiquement et à de nombreuses reprises dans toute conversation par les milléniums et, de plus en plus, par les plus vieux. Elle est sensée établir un lien de cause à effet entre 2 parties d’une phrase en replaçant des locutions comme donc, de ce fait ou par conséquent, comme dans « j’aime pas les épinards du coup j’ai pris des frittes » mais souvent la relation est beaucoup plus ténue comme dans « du coup vous faites quoi là ? ». Cette fois nous y avons même eu le droit à la VHF, les temps changent et « du coup » notre langue évolue...

La Réunion 36 ans après.

C’est en mars 1986, que nous avons découvert l’île de la Réunion . C’était à la base un voyage professionnel pour Dominique que nous avions complété par des vacances en accord avec Philippe, son boss de l’époque. C’était aussi notre premier voyage hors d’Europe. A l’époque, les dépliants de l’office de tourisme la présentait comme l’île spectacle. Autant vous dire que côté spectacle nous n’avions pas été déçus. Bien sûr il y avait des milliers de choses à voir, du bord de mer au volcan en passant par les cirques de Mafate, Cilaos et autres pitons vertigineux. Mais en Mars 1986 la comète de Halley passait à sa périphérie et la Réunion était précisément le point où elle était le plus proche de notre planète. Savants et astronomes amateurs du monde entier était venus pour l’observer depuis les plus hauts sommets ce qui donna à notre vol depuis la métropole un air d’expédition scientifique. Même nous, béotiens sans lunette ni télescope avions pu la voir plusieurs soirs à œil nu. Après ce phénomène astronomique, c’est un phénomène météorologique de grande ampleur qui est venu nous voir: un cyclone passa tout près de l’île déviant fort heureusement sa course au dernier moment, nous évitant les vents les plus dévastateurs mais libérant une quantité phénoménal d’eau sur la région. Et enfin, cerise sur le gâteau, la veille de notre départ, le volcan entra en irruption et de l’avion qui nous ramenait en métropole, nous avons pu le voir cracher son magma jusque dans la mer. Ces coulées de lave auraient agrandi l’île de quelques hectares supplémentaires. Après un tel traitement, 36 ans après, on se demandait un peu ce que ce bout de France perdu au milieu de l’océan Indien allait nous réserver pour notre deuxième visite.

Arrivée à la Réunion et ballade en trottinette autour du port

Cilaos ,le cite n’a pas changé , la nourriture non plus juste beaucoup plus de maisons


On vous a raconté notre arrivée, l’accueil chaleureux à la darse Titan et nos premières courses en ville dans l’article précédent, vous savez donc que la reprise de contact a été bonne.

retour le soir vers la mer pour prendre un bain et profiter des couchés de soleil


La première semaine nous restons à bord pour remettre Rêve à Deux en état de repartir dans les meilleurs conditions possibles. Les shipchandlers du Port sont bien achalandés c’est notre dernière chance avant la Méditerranée pour remplacer les bouts usés et les robinets qui fuient. La mer forte sur la deuxième partie de la traversée a durement éprouvé le matériel et le foc et la trinquette doivent partir chez le voilier pour réparation et consolidation de coutures (la petite Singer du bord n’est bonne à rien sur ces types de tissus). Il faut aussi changer la chaine dont la galvanisation n’a pas résisté à des centaines de mouillages et qui n’est plus qu’un tas de rouille, on aurait du la changer avant de partir des Fidji mais elle n’était pas disponible et en Indonésie de la bonne chaîne calibrée c’est tout simplement introuvable mais ici pas de problème. Et enfin il faut réparer la main courante qui fuit, refaire une fixation pour le frein de bôme qui a cassé dans le dernier empannage à quelques milles de l’arrivée et sécuriser le panneau solaire que le freine de bôme a brisé dans sa chute….

Le volcan dans les nuages, une visibilité meilleur qu’il y a 36 ans

On a tout de même le temps de voir Louis le fils de Bernadette et de Jean Michel nos voisins de Touraine qui travaille à la Réunion depuis un an.

Les réparations étant en bonne voie, pour la deuxième semaine nous louons une 206 Peugeot (une 205 aurait été plus d’époque mais celle-ci datait déjà de 2007) pour faire le tour de l’île et essayer de retrouver les sites qui nous avait particulièrement plu en 1986. Après 36 ans vous pouvez imaginer les transformations que l’île à pu subir . La population qui était alors de 400 milles habitants est passée à près d’un million et il faut loger tout ce monde dans l’espace disponible des plaines côtières. Plus de tit’ cases en taule autours desquelles s’ébattaient volailles et cochons, il faut vraiment grimper dans les coins les plus reculés pour en trouver: tout est remplacé par du béton . L’unique route qui serpentait le long du littoral a été doublée d’une nationale et d’une 4 voies dans les parties nord et sud de l’île. On peut maintenant faire le tour de l’île en une journée sans se presser en évitant toutefois les embouteillages des axes menant St Denis qui sont la véritable plaie de ce département. Plus d’épicier chinois ou l’on trouvait un peu de tout sur quelques mètres carrés mais de gigantesques centres commerciaux, Carrefour, Leclerc, Leroy Merlin, Decathlon etc tout y est la plupart des villes en on même plusieurs: la consommation fonctionne ici à plein: vous avez rêvé d’un produit, il est là et vous tend les bras il n’y a qu’à sortir le porte-monnaie mais les tarifs sont relativement raisonnable compte tenu de la situation de l’île. Par contre les gens n’ont pas changé. Ils sont toujours aussi gentils et accueillants, tout le monde se dit bonjour, il y a toujours un mot agréable. C’est aussi resté le pays de la tolérance où toutes les communautés religieuses ou ethniques vivent ensemble en bonne intelligence.

Notre coin préféré pour aller nager , la piscine d’eau de mer de Manapany

Les réparations étant en bonne voie, pour la deuxième semaine nous louons une 206 Peugeot (une 205 aurait été plus d’époque mais celle-ci datait déjà de 2007) pour faire le tour de l’île et essayer de retrouver les sites qui nous avait particulièrement plu en 1986. Après 36 ans vous pouvez imaginer les transformations que l’île à pu subir . La population qui était alors de 400 milles habitants est passée à près d’un million et il faut loger tout ce monde dans l’espace disponible des plaines côtières. Plus de tit’ cases en taule autours desquelles s’ébattaient volailles et cochons, il faut vraiment grimper dans les coins les plus reculés pour en trouver: tout est remplacé par du béton . L’unique route qui serpentait le long du littoral a été doublée d’une nationale et d’une 4 voies dans les parties nord et sud de l’île. On peut maintenant faire le tour de l’île en une journée sans se presser en évitant toutefois les embouteillages des axes menant St Denis qui sont la véritable plaie de ce département. Plus d’épicier chinois ou l’on trouvait un peu de tout sur quelques mètres carrés mais de gigantesques centres commerciaux, Carrefour, Leclerc, Leroy Merlin, Decathlon etc tout y est la plupart des villes en on même plusieurs: la consommation fonctionne ici à plein: vous avez rêvé d’un produit, il est là et vous tend les bras il n’y a qu’à sortir le porte-monnaie mais les tarifs sont relativement raisonnable compte tenu de la situation de l’île. Par contre les gens n’ont pas changé. Ils sont toujours aussi gentils et accueillants, tout le monde se dit bonjour, il y a toujours un mot agréable. C’est aussi resté le pays de la tolérance où toutes les communautés religieuses ou ethniques vivent ensemble en bonne intelligence.

St Gilles par mer agitée

Notre périple commence par Cilaos. La route qui serpente dans les gorges est toujours aussi sinueuse et impressionnante. L’église autour de la quelle s’étendait quelques maisons et beaucoup de champs de lentilles surplombe maintenant un centre ville très touristique avec ces restos et boutiques de souvenirs mais rassurez vous, il cultivent toujours leurs lentilles et les sentiers de rando en montagne sont pris d’assaut par les marcheurs malgré le temps froid et pluvieux. Le jour suivant au volcan (que nous avions à peine vu la dernière fois) les nuages de l’alizé, bien accrochés au sommet daignent s’ouvrir quelques instants pour une éclaircie éphémère qui nous permet de faire quelques prises de vue avant de se refermer pour la journée sur ce splendide spectacle. Salazie, Hell bourg, pas grand changement, il fait toujours aussi humide là haut.

Hell Bourg , cascade des mariées au-dessus Salazie, dommage le temps n’y est pas

Quelques unes des belles villas en bois des riches bourgeois de St Denis ont sans doute été converties en resto ou en gite et l’agriculture semble plus intensive. L’une des attractions de l’île, le cirque de Maffat est normalement visible depuis le col des bœufs mais ici encore tout est enfoui dans un épais brouillard. Nous aurons plus de chance de l’autre côté au Maï do ou nous pourrons l’admirer en plein soleil. Des familles habitent toujours au fond de cette endroit le plus isolé de l’île. Les touristes ne peuvent y descendre qu’a pieds où depuis peu en hélicoptère pour les plus riches … Nous avons revu la forêt primaire au nord du cap méchant qui elle n’a pas changée et avons arpenté la côte sud et est en profitant du mauvais temps pour admirer ces énormes vagues venues de l’autre côté de l’océan pour se briser sur les roches noires du littoral volcanique sous cette lumière si particulière de l’hiver austral. Pendant toute cette semaine nous nous serons bien sûr régalés de rougails saucisses, caris poulet, boucannés massalés, samoussas et autres spécialités créoles qui nous paraissent certes moins exotiques que la première fois mais n’en sont pas moins délicieux et toujours aussi copieux!

St Pierre La mer est toujours démontée heureusement que nous ne sommes plus en mer…

Bilan de cette re-découvertes 36 ans après: oui! les gens sont toujours aussi ouverts, les paysages grandioses sont toujours bien là et les pouvoirs publics semblent faire le nécessaire pour protéger de grands espaces de cette nature si particulière tout en aménageant le cœur des villes de façon plutôt agréable à vivre mais le résultat est un peu gâché par cette bétonisation à outrance rançon de la démographie galopante et ces centres commerciaux surgissants à tout les coins de rue à quoi ressemblera La Réunion dans 36 ans?

La foret primaire sur les contreforts au sud du volcan

l’Anse des cascades

Belvédère du Maido le ciel se découvre offrant une vue magnifique tout le cirque de Mafate

St Paul le soir petite cité bien calme

Il est temps pour nous de songer à notre prochaine étape, l’île Mayotte, l’autre département français de cette partie du monde. La difficulté principale du parcours est le passage du cap d’Ambre au nord de Madagascar (Madagascar étant toujours fermé aux voiliers, nous n’y ferons pas escale)à 3 ou 4 jours de mer de La Réunion. Il est célèbre pour ces vents violents, ses forts courants, et sa mer agitée. Les analyses météo nous indiquent un temps favorable sur zone vers le 31 juillet. La date de départ est donc arrêtée au 27/07. Il nous reste une semaine pour faire les provisions et apporter les dernières petites améliorations techniques à Rêve à Deux (oui c’est encore possible…) sans oublier bien sûr l’apéro avec les amis de la darse,Olivier, Magali et Robin.

souvenirs de la Réunion

Arrivés à bon port!

Mercredi 6 juillet 2022, à 14:00 heure locale, après 22 jours et 10 heures et 3718 milles parcouru sur le fond (80 de plus que la route directe! Comme quoi on a pas mal zigzagué) soit une moyenne de presque 7 nœuds, nous franchissons les digues de la darse Titan du port de plaisance de la Pointe des Galets.

JourDateDistance 24hMilles parcourus
115/06/22178178
216/06/22168346
317/06/22158504
418/06/22139643
519/06/22177820
620/06/222071027
721/06/221701197
822/06/221461343
923/06/221571500
1024/06/221671667
1125/06/221541821
1226/06/221391960
1327/06/221782138
1428/06/221562294
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L’accueil et très chaleureux. Le maître de port et son assistant sont là pour prendre nos amarres et nous donner tous les conseil utiles. Comme on est à l’heure et qu’on avait envoyé tous les documents à l’avance les formalités se passe comme sur des roulettes. Le maître de port a déjà notre libre pratique et 20’ plus tard les douaniers nous rendent une visite très rapide : un coup de tampon sur notre déclaration d’arrivée un coup d’œil rapide sur nos passeports et nous sommes libres !

On se précipite donc en ville pour savourer le plaisir de fouler à nouveau le sol national car il n’y a pas d’erreur on a beau être au milieu de l’Océan Indien, nous sommes bien en France. Tout est là pour nous le rappeler : la mairie, la boulangerie, jusqu’aux banques (Crédit Agricole, BNP etc). Mais le plus grand choc ce sont les super marchés. On avait oublié que nos supérettes françaises étaient si bien achalandées. On entre dans le plus proche, le Super U Express: et on est assailli par un gigantesque rayon fruits et légumes (il y a même des courgettes :on en avait pas vu depuis notre départ de Nouvelle Zélande), des congélateurs débordants de viandes et de poissons et de fruits de mer de toute sortes (non ici il n’y a pas que du poulet comme on s’y était habitué) , des produits frais et des conserves à gogo, un immense rayon vin (avec du Chinon), un autre de fromage (le camembert au lait cru çà existe encore!). Inutile de vous dire qu’on c’est acheté de quoi se faire un bon petit dîner à bord et que repus nous nous sommes effondrés dans notre couchette. Nous avons dormis 11 bonnes heures : les derniers jours de la traversée ont été plutôt épuisants !

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Pendant les jours prochains, tout en continuant à récupérer, on va s’occuper des réparations nécessaires (voiles, écoutes, bosse de ris etc.), remplacer la chaîne d’ancre complètement rouillée et faire les quelques démarches administratives que nous n’avions pu faire de l’étranger.

Une fois tout çà fini, on va aller explorer cette île magnifique, sans doute à partir du 14… A Suivre

Dernière ligne (pas très) droite avant l’arrivée

Ces derniers jours ont été plutôt mouvementés.
D’abord il a fallu franchir une zone de calme en avant du front créé par la circulation d’air remontant du système anticyclone et dépression juste au sud et la dépression plus au nord. Je dois dire que de ce coup là on s’en est pas trop mal tiré. Des routages précis avec les modèles gfs et icon nous on permis de contourner cette zone en perdant un minimum sur la route directe et sans trop ralentir.
Mais après çà on est rentré dans le vif du sujet: houle de plus de 5 m venant du sud (donc en travers de notre route) se combinant à la mer très courte de 3 m générée par les vents de Sud-Est soufflant entre 25 et 35 noeuds et résultant en une mer qualifiée de très forte par météo France. Inutile de vous dire que dans ces conditions, on a joué la prudence: 3 ris dans la grand voile et trinquette parfois partiellement enroulée, l’idée étant de garder suffisamment de vitesse pour ne pas se faire rattraper par ces vagues très courtes sans aller trop vite afin de garder un inconfort minimum pour l’équipage. Le bateau, accélère, remonte sur la crête, se fait percuter par le sommet qui déferle, tombe dans le gouffre entre deux vagues et çà recommence encore et encore.
Inutile de vous dire que le pont est en permanence balayé par les embruns, quand ce n’est pas des cataractes d’eau bouillonnantes. Il n’est pas une minute ou n’apprécions pas le confort apporté par notre « véranda » rigide bien fermée et d’où on peut faire toute les manoeuvres bien au sec. Le pilote automatique qui s’accommode de ces conditions difficiles sans jamais faillir, la plus part du temps en mode vent pour suivre les variations importantes ce qui fait que notre trace sur la carte ressemble un peu à celle d’un breton au retour d’un fest noz.
La vie à l’intérieur s’apparente à un sport de voltige. On a l’impression d’être des cosmonautes en apesanteur sauf que, quand on atteint le creux de la vague, la pesanteur est bien là. Il faut toujours bien calculer son prochain mouvement, ne jamais lâcher la main courante avant d’avoir assuré sa prise sur la suivante. La préparation des repas est aussi un sport à part entière, la recette: faire simple, bien s’organiser et éviter les grandes quantités d’eau bouillante (oubliez les spaghettis!). Mais bon on a réussi à manger tout de même de bon plats chauds à tous les repas et à bien dormir entre les quarts et les manoeuvres. Domi reste grand chef de ces moments là.
Aprés 4 jours de ce régime rockn’roll, c’est avec soulagement que l’on constate que la houle du Sud se calme progressivement pour laisser la place à celle d’Est formée par l’alizé, nous poussant sur la route sans remuer dans tous les sens. L’alizé lui même est toujours aussi instable en force et en direction, le ciel reste couvert avec beaucoup de grains, et la température n’est que de 22°C: bienvenue dans l’hiver tropical.
Nous sommes en fin d’après midi mardi 5 juillet et il nous reste 130 milles à parcourir avant l’arrivée. Le capitaine du port nous a demandé d’arriver avant 15:00 demain pour faire les formalités. Y arriverons nous à temps? C’est pas gagné avec les conditions plus instable prévues devant. Nous laisseront-ils nous amarrer à quai même si nous sommes trop tard pour les formalités ou devront nous tirer des bords toute la nuit devant l’entrée du port en attendant l’ouverture des bureaux? Vous le saurez en lisant notre prochain article!

L’Indien et la cuisiniére

27 Juin , nos amis Nathalie et José, partis une semaine avant nous sur leur voilier Nomad , sont toujours devant mais on se rapproche. Ils ont pris une route plus sud où ils ont rencontré du mauvais temps et des calmes. Du coup, ils se font secouer aussi par cette mer croisée et cette houle qui s’élève travers à notre route. Eux aussi aimeraient bien s’arrêter à Rodrigue où à Maurice malheureusement les autorités Mauriciennes n’ont toujours pas complètement ouvert leur frontière aux voiliers de passage (autorisation et test PCR avant le départ, nouveau test à l’arrivée etc) les formalités sont compliquées (certains guides recommandent d’utiliser les services d’un agent)… ajoutez à çà le prix des visas et des diverses formalités: pour n’y passer que quelques jours (programme déjà très chargé pour arriver au but qu’on c’est fixé pour la fin de l’année) çà ne vaut pas le coup! On avait déjà grincé des dents aux Fidji et en Indonésie mais c’était pour plusieurs mois. C’est avec regret, mais nous ferons donc l’impasse sur ces deux îles pour cette fois-ci.

La nuit dernière pendant mon quart, il y a eu un grand boum à l’intérieur, cela n’a même pas fait moufter Domi qui dormait mais je me suis précipitée pour trouver la cuisinière toute de travers dans son emplacement. C’est l’une des 2 vis qui servent de cardan (pour l’articuler à la gite) qui a cassé. Au changement de quart, nous avons essayé de la remettre en place provisoirement mais ce n’était pas satisfaisant et elle risquait de sortir complètement de son logement et de faire de gros dégâts au passage: elle pèse au moins 15 kilos. Nous avons attendu qu’il fasse jours et après notre petit déjeuner et nous avons tout démonté . Imaginez le bateau dans une mer houleuse, avançant à 8 noeuds avec une houle de côté, c’est à dire faisant des mouvements saccadés et assez inconfortables et nous deux à l’intérieur, hissant l’engin hors de son logement pour le poser à même le plancher non sans avoir déconnecté la conduite de gaz puis Domi à 4 pattes par terre pour démonter les parois de la gazinière et accéder au fameux boulon qui avait cassé et le remplacer ( ainsi que celui de l’autre côté qui ne valait guère mieux) et moi, fée du logis, profitant que tout soit démonté pour faire un grand nettoyage . Très drôle non?… Et bien, même si quelques noms d’oiseaux sont sortis de la bouche de Domi, ça c’est bien passé, tout est en place et nous pourrons finir notre traversée en mangeant des plats chaud. Vu les vivres qui nous reste après 2 semaine de mer (conserves, pâtes, riz) il eut été très difficile de ne rien pouvoir cuire ou réchauffer!
En parlant de se réchauffer, ce n’est pas le cas de la température extérieure. On atteint péniblement 27 le jour et la nuit on tombe à 24°. Températures estivales idéales me direz-vous. Certes! mais depuis 9 mois nous avons vécus avec une température moyenne supérieure à 32° le jour comme la nuit alors 24 c’est presque la banquise. On a donc remis en place la portière de la véranda et la nuit on dort avec une petite couverture polaire…