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Polewali 4: adieux les amis nous partons pour Lombok

Note à nos chers lecteurs: ayant commencé notre grand carénage très peu de temps après notre arrivée à Lombok, nous avons pris un peu de retard dans nos publications! Nous vous prions de nous en excuser. Les faits racontés dans cet article se passent entre le 13 et le 17 mars 2022.

Nous avions promis à Syahida et Rival de ne pas repartir sans les faire venir à bord de Rêve à Deux. Après quelques échanges via Whatsapp (en Indonésie personne n’utilise le réseau téléphonique autrement qu’en mode data) nous nous sommes mis d’accord pour Dimanche après midi 16:00. A l’heure dite, Domi va les chercher à terre.

Syahida nous apporte une superbe couverture locale en cadeau. Ils sont tout excités de monter à bord. Dire qu’ils sont ravis et émerveillés est probablement très en-dessous de la vérité . Rival ponctue ses découvertes de « oh my God! » et Saheida ouvre tous les coffres pour découvrir les trésors caché de Rêve à Deux. Il faut dire que pas mal de choses l’intérieur d’un bateau équipé pour faire le tour du monde en passant par des contrées plutôt froides ont de quoi surprendre des habitants d’une région équatoriale. Bien sûr la visite ne peut se conclure que par une grande séance photo sur le pont. Ils se voient déjà voguant sur les océans.

Nous redescendons dans le carré prendre un bon thé et des petits gâteaux. Syahida nous explique qu’elle est très active dans l’association BLANTARA (Mouvement d’Alphabétisation de l’Archipel) ou elle donne bénévolement de cours d’indonésien et d’anglais. §on pourrait rester des heures à discuter avec eux de leur vie à Sulawesi et de nos voyages mais mais la nuit tombe et l’orage menace et c’est sous une bâche improvisée que Domi les ramène à terre. Au revoir les amis nous avons passé de merveilleux moments avec vous!

Lundi matin, c’est avec un pincement de coeur que nous quittons cette île magnifique et tous ses gens formidables. Mais le temps est splendide et sous un soleil radieux nous faisons nos dernières photos de Sapoang

La traversée de 370 milles sera vraiment cool, moitié sous voile moitié moteur (le vent tombe en général en début de nuit pour se relever dans la matinée) sur une mer parfaitement lisse. Pas trop de « dispositif d’agrégation de poisson » ni de barques de pêche mal éclairée et peu de tronc d’arbre et sutra détritus mais pas mal de navire marchands qui eux au moins sont bien visibles à l’AIS! Une seule fois nous aurons a nous signaler à un gros minéralier qui nous rattrapait en l’appelant à la VHF: Mineral Destelbergen this is S/V REVE A DEUX do you copy? REVE A DEUX this is Destelbergen! Good morning sir, we are under sails 5 miles ahead of you, can you please clarify your intentions? ahh … yes, I see you now, I’ll pass on your startboard! Thank you very much, sir have nice journey, over! et le 300 000 tonnes infléchit sa course pour nous éviter. Les dernières 24 heures nous jouons les équilibristes en jonglant avec la trajectoire des orages pour les éviter tout en perdant un minimum de route. Pluie torrentielle sur tribord, véritable feux d’artifices sur bâbord nous arrivons tout de même à nous faufiler entre les masses nuageuses.

Jeudi 17 mars en début d’après-midi nous prenons un corps-mort à Medana Bay Marina au nord ouest de Lombok. Notre Coppercoat (peinture sousmarine) est arrivée et ils peuvent nous mettre à sec lundi matin. Fini les vacances!

Polewali 3: coup de gueule, trophée et cascades

Vendredi 11 Mars 2022, nous avons reçu le message de l’immigration nous confirmant que nos visas ont été approuvés et émis on se rend donc illico au Kantor Imigrasi (Bureau de l’immigration en indonésien). Bien sûr quand on arrive là bas, la fonctionnaire zélée qui c’était occupée de nous mercredi nous annonce que çà ne va pas être possible et qu’il va falloir revenir Lundi… Oui elle comprend bien que le message indique que les visas sont prêts mais il leur faut encore du temps pour imprimer les timbres, les coller dans nos passeport et les faire signer par le responsable ce qui va demander au moins 2 jours… Là je « pette un câble » et demande à la jeune fonctionnaire si elle se moque de nous et si elle se rend compte qu’on à fait le tout trajet depuis Sapoang (15 km) juste parce que leur message disait que nos visa étaient prêts. Cinq minutes plus tard, elle revient en arborant un grand sourire derrière son masque en nous tendant nos passeports dûment tamponnés et signés. Comme quoi, même en Asie çà vaut parfois le coup de s’énerver un peu.

Nous sommes vendredi et c’est le jour ou le marché qui se trouve juste à quelques rues de l’immigration est le mieux achalandé. C’est un immense marché ou on trouve vraiment de tout depuis des volailles vivantes, du poisson, des fruits et légumes mais aussi des fringues, des bijoux ou de l’électroménager. Nous pourrions y passer la journée mais on se contente de courses rapides car Ridwan du bureau de tourisme nous a appelé un peu plus tôt pour nous demander de passer à son bureau qui est juste l’autre côté du marché.

En arrivant au bureau du tourisme, c’est la surprise: nous sommes reçu par toute l’équipe et on nous remet une superbe maquette d’un sandeq le bateau traditionnel de la région dont ils ont envoyé l’original grandeur nature pour participer une première fois au rassemblement des vieux gréements de Brest 2012 (Ridwan était du voyage) puis à nouveau cette année pour l’édition 2022, et un petit sac de voyage. Nous sommes les premiers touristes étrangers cette année, ça mérite d’être célébré comme il se doit! nous sommes très touchés par cette attention. Mais bientôt l’appel de la prière retentis, Il est temps de prendre congé de Ridwan et son équipe. Pour nous c’est l’heure du déjeuner et nous finissons cette matinée dans un petit restaurant local.

Samedi était prévu jour d’excursion avec nos amis guides amateurs Syahida et Rival. Syahida n’étant finalement pas libre elle est remplacée au pied levé par Jul, le cousin de Rival. Aujourd’hui, aucun officiel ne demande à nous rencontrer, nous avons donc toute la journée devant nous pour aller voir les fameuses chutes d’eau en pleine montagne .

La route zigzague le long de la rivière. Au début elle est en bon état et les kilomètres défilent puis on commence la montée et l’état de la chaussée se dégrade franchement et malgré l’habilité de nos pilotes nos dos et nos postérieurs sont mis à rude épreuve mais çà vaut le coup de souffrir un peu:

nous en prenons plein les yeux de ces paysages grandioses. Rizières dans les vallées parfois même en terrasse, cacao sur les pentes et partout la forêt dense et luxuriante.

Au bout d’une heure et de nombreux arrêts photos on atteint une première chute, pour la découvrir il faut laisser les scooters à l’épicerie et continuer 10′ à pied sur un petit sentier.

Nous arrivons à la cascade ,Il fait chaud et l’eau m’attire comme un aimant. J’ai prévu le coup et j’ai apporté serviettes maillots et tee shirts pour se changer et c’est avec délice que nous piquons une tête dans cette eau délicieuse qui reste fraiche sans être froide.

En revenant de la cascade, nous nous arrêtons à la boutique pour acheter de quoi nous désaltérer. La dame qui nous accueille est philippine et parle très bien anglais

Revigorés par la baignade nous continuons notre excursion. Nos guides/pilotes on prévu de faire un circuit afin de ne pas repasser par la même route et de voir plus de paysages. Nous passons plusieurs cols. Nous traversons un pont suspendu en planche c’est assez impressionnant et nous nous arrêtons à une deuxième cascade aussi belle que la première mais nous résistons à la tentation de nous baigner car l’après-midi s’avance et on a encore pas mal de route à faire.

Les petits villages que nous traversons sont construits autours de leur église ou de leur mosquée et chrétiens et musulmans semble vivre en bonne intelligence.

C’est juste à l’entrée d’un de ces villages, où les habitants sont en train de bétonner la chaussée, que la moto de Jul tombe en panne: câble d’embrayage cassé. Bien sûr les gamins du village sont là pour assister au spectacle. Rival fonce chez un oncle qui n’habite pas très loin pour aller chercher des outils. Mais quand il revient, Jul à déjà réparer avec un calme et une dextérité étonnante. Il a récupéré un câble ailleurs sur sa machine, un nœud pour remplacer le sertissage cassé, repasser le câble au bon endroit et le tour est joué, c’est repartis!

La piste du retour est en très mauvais état et Domi commence à souffrir du dos, il demande à chaque instant à Jul de s’arrêter pour faire les parties les plus défoncées à pied. Le gué qui traverse la rivière est le dernier obstacle avant de retrouver la route principale.

Il est 18 heures quand nous arrivons à Sapoang fourbus mais absolument ravis de notre journée avec des images de ces paysages grandioses plein la tête. Un immense merci à Rival et Jul pour nous avoir fait découvrir ce petit morceau de leur si beau pays!

Il est temps d’aller retrouver notre Rêve à Deux. Tous les enfant sont sur la jetée pour la dernière baignade de la journée, les garçon d’un côté et les filles de l’autre, Hello Mister!

Polewali 2: à la découverte des rizières et des environs

Jeudi 10 mars 2022 nous avions programmé une excursion en montagne avec Syahida et Rival mais c’était sans compter sans l’immigration qui nous téléphone en tout début de matinée pour nous annoncer qu’ils viennent nous voir pour nous poser quelques questions complémentaires avant de nous donner nos visas. Ils arrivent à 5 dans un gros 4X4 ce qui nous à fourni une bonne excuse pour ne pas les faire monter à bord vu la taille de notre dingy (annexe) 3 places. C’est donc sous l’un des abris de la plage que nous nous installons, ils étaient en fait intrigués par notre bateau à la fois domicile et mode de transport ainsi que nos étapes passées et futures. L’ambiance était très bon enfant, le plus important étant d’être pris en photo avec nous.

Ensuite c’est un militaire qui passait prétendant que dans son rôle de gardien de la sécurité nationale il devait voir notre bateau (???) Pendant que Domi discutait avec lui, (et a apparemment réussi à le convaincre que ce n’était pas le bon jour pour une visite) je suis retournée seule, dans la petite rue d’en face faire quelques photos. En passant devant l’école les enfants m’attendaient dans la cours et comme c’était la récréation ils m’ont accompagné jusqu’à qu’on entende la cloche de l’école les appelant pour rentrer en classe. Dans la rue riz et des fèves de cacao sèchent sur des toiles à même le sol. Plus loin, une dame concasse les fruits pour en extraire les fèves. Entre temps Syahida et Rival nous annoncent qu’ils n’ont finalement pas trouvé de voiture pour l’excursion et qu’il est de toute façon un peu tard pour aller très loin.

Du coup il nous propose de visiter les environs sur leur scooters. On part sur les petits chemins qui serpentent à travers les rizières et les villages jusqu’au pied de la montagne. C’est magique et très différent de tout ce que nous avons vu jusqu’à présent, nous ne regrettons pas d’être finalement partis en scooter car les routes finissent souvent en petits chemins trop étroits pour une voiture et en 2 roues c’est plus facile de s’arrêter pour faire des photos. Le riz (3 récoltes par an) dans les plaines le long des rivières et le cacao au pied des montagne semblent être les deux ressources essentielles de la région. Il est 1 heure quant nous revenons du côté de Sapoang. Nous nous arrêtons dans une cantine au bord de la route pour nous restaurer. Après le repas, Syahida doit aller travailler. Nous nous séparons de nos guides tout en convenant d’organiser une nouvelle excursion samedi ou dimanche.

Comme il fait beau et que nous avons encore du temps avant le couché du soleil nous partons à pied faire le tour la montagne qui surplombe la baie. On commence par remonter ma rue préférée, puis un chemin qui grimpe dans la forêt à flanc de coteau en surplombant les rizières, traversons le col et revenons par un autre village de l’autre côte qui nous ramène sur la route côtière en faisant une belle boucle. Nous ne pouvons pas faire un pas sans que nous soyons arrêtés par les villageois. La barrière de la langue n’est plus un problème, quelques mots d’anglais universels beaucoup de gestes et quelques mots clés (Salam aleykoum, Perancis (France), Zidane, Paris , …) beaucoup de bonne humeur et de rires et on arrive toujours à se débrouiller. Domi réussira même à se faire draguer par une bande de nanas!

Le soir arrive, pause noix de coco au bord de la route avant de rentrer au bateau. Nos jambes nous rappellent douloureusement qu’elles n’ont pas beaucoup servi depuis notre départ de Sorong , mais quelle journée inoubliable .

Polewali 1: on fait les corvées avant de jouer les touristes

On aura tout le temps de récupérer de cette nuit en mer plus tard. Pour l’instant l’urgence est de remplacer notre batterie de démarrage maintenant que nous savons qu’elle est morte. Ce n’est pas un model très courant peut-être faudra-t-il la faire venir de Makassar ou même de Jakarta. Nous téléphonons tout de suite à Ridwan le responsable du bureau de tourisme que Sayfull avait prévenu de notre arrivée depuis Tolitoli, pour lui demander conseil. Il nous aiguille sur le plus gros revendeur d’accessoires automobile de Polewali.

Nous nous rendons à terre en annexe et débarquons sur l’estacade de Sapoang (la plus pratique et la mieux entretenue que nous ayons vue depuis notre arrivée en Indonésie) Nous trouvons tout de suite un angkot (taxis/minibus collectif parfois encore appelé ici oplet) qui nous amène jusqu’au magasin. Ils ont en stock un modèle de la bonne taille et de la capacité voulue mais les bornes sont inversées la charmante manager du magasin qui parle un anglais parfait passe plusieurs coups de téléphone pour essayer d’en trouver une avec la bonne configuration chez ses fournisseurs sans succès. Domi préfère revenir au bateau pour être sûr que les câbles soient assez longs pour atteindre les bornes. Le lendemain matin, nous sommes de nouveau au bord de la route devant l’estacade avec notre vieille batterie (le magasin les reprends au prix du plomb et nous confirmera au passage qu’elle était bien morte de chez morte). Mais cette fois-ci nous ne voyons passer aucun angkot. C’est en attendant ainsi que nous faisons la connaissance de Syahida une étudiante qui habite le quartier. Elle parle anglais et est ravie de pouvoir le pratiquer tout en nous aidant. Elle nous propose de mobiliser sa tante qui a une voiture pour faire l’aller et retour pour ramener la batterie et nous voilà repartis pour la ville qui se trouve à vingt minutes de route. Aussitôt rentrés nous installons la nouvelle batterie et bien sûr le moteur démarre au quart de tour.

L’après midi Ridwan et son collègue du bureau de tourisme nous rendent visite sur la jetée. Ils nous confirment que nous sommes les premiers touristes étrangers depuis 2019 et les premiers voileux depuis que le bureau existe. On discute des sites à explorer dans la région, ils ne sont pas disponibles pour nous piloter cette semaine mais Syahida et son copain Rival qui ont rejoint la discussion se proposent d’être nos guides et une excursion est programmée avec eux pour Jeudi. Ridwan reparti, Syahida nous propose une ballade à pied dans son quartier, juste de l’autre côté de la route . J’adore ce quartier, la rue est bordée de maisons typiques souvent très colorées. La plupart des habitants sont sur le pas de leur porte, les gamins nous accueillent avec leur habituel « hello mister! » et les adultes avec de grands sourires en nous proposant de venir faire des photos avec eux .

Mercredi 9 mars 2022, il y a déjà un mois nous étions à Bitung et nous avons renouvelé nos visas, il est temps de recommencer c’est la deuxième corvée dont nous devons nous acquitter avant de penser à nous amuser. Nous nous rendons donc au bureau de l’immigration situé dans la partie ouest de la ville. A l’exception des fonctionnaires qui y travaillent, le bâtiment est vide, pas un client en vue: leur fonction étant d’une part de délivrer des passeports aux autochtones qui veulent voyager à l’étranger et des visas aux étrangers de passage dans la région il est clair qu’en ce moment la demande doit être plutôt faible. Tout de suite on nous annonce que çà ne va pas être possible, d’abord il nous reste encore 2 semaines sur notre visa et notre sponsor n’est pas de Polewali (Bisa Visa à Bali). Une négociation serrée s’engage, on appelle Bisa Visa qui négocie pour nous en expliquant notre voyage, la fonctionnaire consulte son chef et nous réussissons finalement à les convaincre de prendre nos passeports et de procéder au renouvellement. On peut commencer à remplir les papiers. Par contre pas question de l’avoir dans la journée comme à Bitung, même si on passe tout de suite payer à la banque (pour lutter contre la corruption les administrations ne perçoivent plus de paiements directs, tout se passe par virement) il nous faudra revenir dés que nous recevrons la confirmation sans doute pas avant 2 ou 3 jours. Arrivés à 09:30 nous serons finalement libérés à 12:30, heureusement que nous étions seuls, je n’ose pas imaginer quand nous serions ressortis s’il y avait eu 20 personnes devant nous!

Une fois libre nous allons jusqu’au au marché du front de mer (partie Est de la ville) en bentor (contraction de becak -motor un genre de pousse pousse tricycle à moteur) et traversons cette ville qui n’est pas très belle. Le front de mer est un peu sinistre probablement les séquelles de tremblements de terre et la zone de mouillage n’est pas abritée, nous sommes bien content d’avoir choisi Sapoang pour ancrer.

Le retour au bateau se fait en angkot. Le chauffeur et sont épouse qui l’accompagne sont tellement heureux de vehiculer des étrangers qu’il nous faut faire la photo à l’arrivée pour immortaliser la course.

çà y est! nous sommes débarrassés du plus gros de nos corvées, bon il va bien falloir faire les courses et retourner à l’Immigration chercher nos passeports, mais en attendant nous avons tout loisir de profiter du coin et de l’arrière pays qui à l’air magnifique!

De Tolitoli à Polewali

Nous sommes le 10/03/2022, ayant pas mal flânés le long de la côte nord de Sulawesi on ne veut pas perdre trop de temps sur la côte Ouest, surtout que les mouillages bien abrités en cette saison de la mousson du Nord-Ouest n’y sont pas très nombreux. Il ne faut pas compter sur les blogs ou les guides pour nous indiquer les bons endroits, très peu de voiliers sont passés par ici au cours de la dernière décennie. Il ne faut pas compter non plus sur les cartes qui, à part sur les quelques ports principaux mis à jour récemment, sont très imprécise et ne montrent aucun détail. Mais en décortiquant les images satellites on trouve tout de même toujours son bonheur. Après un premier arrêt à Dampal Utara (une trentaine de milles seulement de Tolitoli), nous avons donc opté pour une descente rapide en 3 étapes de 100 à 150 milles ce qui permet d’alterner une nuit en mer et une nuit à l’ancre.

Ce premier jour commence par un contrôle de police inopiné et matinal. Nous n’avons pas entendu la prière pour nous réveiller à cinq heures, si bien qu’à 7 heures, quand le fonctionnaire est venu frapper à la coque nous étions encore au lit. J’ai donc été contrôlé vêtu de mon pyjama favoris usé jusqu’à la corde et maintes fois rapiécé: quelle opinion de la France va-t-on donner à ces gens si chaleureux et toujours correctement vêtus!

La plus grande partie de la journée se passera sous spi dans 8 à 10 nœuds de vent de Nord. Puis le moteur prend le relai sur une mer parfaitement plate. A 23 heures, nous franchissons l’équateur: nous étions dans l’hémisphère nord depuis le 27 janvier Bonjour l’hémisphère sud depuis le temps qu’on y traîne c’est un peu comme revenir chez soi… En début de matinées nous ancrons dans une anse bien protégée sous la pointe de Balotupi sur la côte Ouest de la péninsule de Dongala.

C’est très agréable de longer la côte qui est magnifique avec de hautes montagnes en arrière plan, sur une mer calme, avec suffisamment de vent pour se passer du moteur au moins la moitié du temps. Mais il faut toujours être vigilants, de jour, se sont les pirogues à fleur d’eau, de nuit se sont les dispositifs de concentration de poisson (FAD ou Fish Aggregation Device en anglais: des espèces de radeaux rudimentaires, parfois de simple bidons mouillés par des fonds allant parfois jusqu’à 2000m. Les cargos, assez nombreux ne sont pas un problème car ils sont bien éclairés et disposent d’AIS puissant par contre, les plus petits bateaux de commerce local et surtout les remorqueurs tirant de gigantesques barges remplies de charbon sont très mal signalés (AIS classe B au fonctionnement intermittent, pas de feux réglementaires et rien pour signaler la barge. Ces convois font la navette entre les ports charbonniers de Kalimatan (Bornéo) et les centrales électriques réparties le long de la côte, fort heureusement ils avancent très lentement.

Frayeur au milieu de la nuit: le vent faiblit et un contre courant agite la mer, nous n’avançons plus et quand nous voulons démarrer le moteur, rien ne se passe. Domi vérifie tout le câblage, les fusibles et le démarreur mais tout semble normal mais pas moyen de démarrer. On continue à la voile en barrant car à un nœud dans une mer un peu confuse le pilote n’arrête pas de se mettre en alarme. Mais même « à la main » la vitesse est trop faible pour se diriger. Domi va dormir en me laissant me dépatouiller pour essayer de faire porter les voiles . Quand il se réveille une heure plus tard il a une idée: et si c’était la batterie! La tension semble bonne (12,70 V) mais elle chute à 5V dès qu’on actionne le démarreur… Il bricole des câbles pour pouvoir démarrer en utilisant les batteries de servitude qui sont bien chargées mais assez loin du moteur. Au premier essai on entend le démarreur mais les câbles sont d’un trop petit diamètre et n’amène pas assez de courant, il les double et miracle çà démarre!

Etape à Belanbelang, l’endroit est parfaitement abrité avec un chenal d’entrée bien balisé (c’est rare dans ce pays) et serait très joli si le fond de la baie n’était pas occupée par une centrale à charbon. Vous noterez sur la photo du caboteur local son système de gouvernail semblable à 2 avirons disposés de part et d’autre de la poupe. Un tel système à pratiquement disparu des navires depuis le 13ème siècle! Ces bateaux sont des pièces de musée!

Nous repartons au matin pour la dernière partie de cette descente. Le vent est suffisant pour avancer toute la matinée, mais dans l’après-midi de gros nuages noirs s’amoncellent autours de nous. Juste avant la nuit nous affalons la grand voile pour ne pas nous faire surprendre: il n’y a pas de lune, on ne verra pas les grains arriver. Le trafic dans cette partie la plus étroite du détroit de Makassar est assez dense mais sans causer de soucis particulier. Vers Minuit nous contournons la pointe Rangasa et infléchissons notre route pour pénétrer dans cette immense baie au fond de laquelle se trouve Polewali. Nous voyons les lumières. de Magene. et tout de suite après la mer se couvre de lumières, nous nous retrouvons en plein milieu d’une zone de pèche. Plupart des bateaux sont stationnaires, amarrés aux fameux FAD, mais certains se déplacent et d’autres ne sont pas du tout éclairés et nous lance un bref éclair de lampe torche s’il nous trouvent trop près d’eux. La radar s’avère bien pratique pour évaluer les distances dans cette débauche de lumière et voir les embarcations non éclairées. Nous slalomons pendant une bonne heure dans cette flotte improbable.

Vers huit heures nous ancrons dans l’anse de Sapoang une très joie baie bien protégée une dizaine de milles à l’est de Toliwali. C’est l’heure idéale pour un bon petit déjeuner!

Tolitoli

Il est 15:00 quand nous ancrons à Tolitoli. La pluie diluvienne qui nous a accompagnée sur les derniers milles c’est fort heureusement calmée quand nous sommes entrés dans la baie. La zone où on peut ancrer est encombrée de grands bateaux de pêche au carrelet (il ne s’agit pas du poisson plats mais d’une technique de pêche utilisant un filet horizontal immergé et levé sous les immenses bras latéraux) nous réussissons tout de même à trouver une place à l’abri des vents dominants dans une profondeur raisonnable (11m) et hors du rayon d’évitage de ces libellules des mers. A peine sommes nous installés que la vedette de la capitainerie du port vient nous voir ils sont 7 et veulent tous monter à bord finalement 2 resterons sur leur embarcation. L’officier de quarantaine est présent et nous prend la température et vérifie le document de libre pratique délivré par son collègue de Sorong il y a 4 mois, le capitaine de port (Harbour Master) nous pose quelques questions sur notre voyage. Une fois ces formalités accomplies, Fitria la gentille fonctionnaire de la capitainerie qui agissait en tant qu’interprète nous dit que si on le souhaite elle a des amis qui peuvent nous aider pour aller faire nos courses et même découvrir la région. Elle nous laisse son numéro de téléphone.

Le matin alors que nous sommes encore dans le zodiac occupés à chercher un endroit ou nous pourrions débarquer, deux jeunes hommes nous hèlent en nous indiquant le point de débarquement (un petit ponton adossé à une sorte de petite plateforme en bois qui a du voir des jours meilleurs et avec un espace béant de presque 2 mètres entre le ponton et la dite plateforme. Ils nous aident à nous amarrer et à grimper sur la plateforme en nous disant qu’ils sont Sayfull et Jul, les amis de Fitria, qu’ils sont en scooter et qu’ils peuvent nous emmener où l’on veut, alors pourquoi pas.Ils étaient là depuis 7 heure mais n’ayant pas notre numéro de télèphone ils nous ont attendu. On va commencer par aller faire le marché parce qu’à part les bananes d’Oluhuta il ne nous reste plus rien.

Le marché est un peu plus loin sur le bord de mer, il est vraiment super bien achalandé, plus propre que la plupart de ceux que nous avons vu dans ce pays et les produits sont très beaux et très variés. On repart, les scooters croulants sous le poids des sacs à provisions bien garnis et on retourne mettre tout çà au frais au bateau. Puis on s’occupe du gasoil. On a beau utiliser nos voiles autant que possible, on a tout de même consommé 80 litres depuis Manado et comme on ne sait pas si on va avoir beaucoup de vent les jours prochains il vaut mieux refaire le plein.

Nous retournons à terre avec nos bidons. Sayfull n’arrive pas à trouver de voiture pour aller à la station service avec les bidons qui est un peu à l’extérieur de la ville. Après quelques hésitations Dominique part avec Sayfull et Jul sur leur scooter pour remplir les 4 jerrycans à la station pendant que je fais quelques courses dans la petite épicerie d’en face. Le retour de la station est assez épique les scooter surchargés par les bidons et le deuxième passager peinent dans les rafales qui soufflent sur la route mais finalement tout se passe bien.

On laisse nos bidons en garde à l’épicerie et on part tous les quatre manger dans un restaurant sur piloti face à la mer. Nous profitons du repas de poisson grillé pour mieux faire connaissance avec nos deux nouveaux amis. Sayfull est professeur d’anglais sur une petite île de l’autre côté de la baie et Jul prépare un master d’Indonésien à l’université de Jakarta.

Le repas terminé nous leur demandons de nous faire découvrir un peu des alentours. Ils nous amènent à travers les rizières puis sur une route très escarpée serpentant à flanc de montagne pour voir les plantations de clous de girofle tout en haut de la montagne qui surplombe Tolitoli. Les girofliers sont de grands arbres élancés qui poussent à flanc de montagne sur des pentes parfois vertigineuses. Le fameux clou est en fait le bouton floral du giroflier. Il faut les cueillir quand ils sont encore bien verts avant qu’il commence à s’ouvrir. La cueillette se fait à la main au moyens de grandes échelles en bambou: il ne faut pas avoir le vertige!

Nous découvrons aussi le Kapok, cet arbre dont la bourre cotonneuse qui rempli ses fruits sert à rembourrer fauteuils et coussins.

Des crêtes la vue sur les vallée et la baie est superbe, dommage que le soleil ne soit pas tout à fait au rendez-vous.

Pour finir ils nous font faire le tour de Tolitoli .

C’est trop court, on aurait aimé rester plus longtemps avec Sayfull et Jul et explorer plus avant cet endroit attachant mais demain nous devons profiter d’une bonne météo et d’un courant favorable pour continuer notre parcours au tour de Sulawaisi jusqu’à Polewali que nous aimerions atteindre d’ici une semaine, avant que le courant ne s’inverse dans le détroit de Makassar…

Après 7 jours d’arrêt nous voilà enfin repartis

23 février 2020, nous avons retrouvé la forme, il est temps pour nous de reprendre la mer. Les vivres frais commençaient à manquer mais et c’est avec deux régimes de banane, des épis de maïs et des patates douces donnés par Yusuf que nous repartons enfin . Encore un grand merci .

La côte nord de Sulawesi est découpée par de nombreuse baies et rias bien abritées de tout les vents y compris ceux de secteur Nord largement prédominant en cette saison. Nul besoin donc de faire de navigation de nuit ce qui arrange bien les convalescents que nous sommes. Nous pouvons continuer à jouer les rases cailloux pour profiter de la beauté de la côte en nous arrêtant tous les soirs pour dormir tranquillement dans un bon mouillage. Tous les jours nous arrivons à faire au moins la moitié du trajet à la voile. Souvent peu après que nous sommes ancrés en sécurité, l’orage de la fin de journée monte et déversent sur nous ses paquets d’eau. Partout, les locaux nous accueillent avec de grands sourires et leur traditionnel « hello mister ». Parfois même il nous offrent un bon poisson comme ce succulent chirurgien noir à Milango. Partout nous avons continuer à éviter tout contact nous considérant encore en quarantaine jusqu’au 26 les premiers symptômes étant apparus le 12.

On vous laisse découvrir nos étapes en photos. Elles s’appellent: Milango…

Mulangato… Eux aussi ont une cuisine à bord!

Lokodidi…Notre seul regret est de ne pas avoir été à terre , vue de la mer c’est magnifique

et Belonligun Un village musulman au ras de la mer est en face le village chrétien perché sur les côtaux

Et c’est le 27 février en début d’après-midi, sous une averse mémorable heureusement sans trop de vent que nous approchons de Tolitoli

Accueil exceptionnel à Oluhuta

Aujourd’hui nouvelle navigation matinale d’une vingtaine de mille. Nous ne sommes pas très en forme tous les deux et on voudrait un coin vraiment tranquille pour se reposer un peu. Les blogs, guides et autres compendiums ne proposent rien dans le coin mais sur les images satellites nous avons repéré une jolie petite baie fermée.

Nous restons prudents qui dit coin abrité dit la plupart du temps profusion de radeaux de pêche et autres parcs à poissons. De l’extérieur de la passe on aperçoit le village mais à l’intérieur rien! Nous pouvons ancrer à notre aise la baie est vide. Nous préférons nous mettre sur le côté Est de la baie encore mieux protégé de la houle du large sur un fond plat d’environ 10 mètres. La baie est entourée de collines couvertes de champ de maïs et cette ambiance champêtre est très agréable à l’œil par son contraste avec la jungle dense à la quelle nous nous étions habitués depuis quelques mois.

A peine l’ancre a-t-elle touché le fond que nous sommes entourés de pirogues de pêcheurs. Hello Mister! Ils sont heureux de nous voir ici dans leur baie ou ils n’ont manifestement pas souvent la visite de voiliers étrangers. Ils pensent d’abord que nous sommes Américains mais après discussions ils comprennent que nous venons de plus loin aussi cela suscite beaucoup de questions .

Les jeunes voudraient monter à bord et le temps qu’on leur explique que ce n’est pas prudent car j’ai un rhume et Domi à mal à la gorge, nous n’y croyons pas mais que se pourrait être la COVID, ils sont déjà à bord en nous disant que de toute façon tous étaient vaccinés deux fois et même trois pour certain. Nous prenons tout de même grand soin de maintenir une bonne distance entre eux et nous et d’éviter tout contact physique.

Il font le tour du bateau ils se prennent en photo, les jeunes ne se souviennent pas avoir vu de voiliers venir jusqu’ici mais le plus ancien nous dit que la dernière visite remonte à une dizaine d’année. Nous leur achetons quelques poissons pour le prix d’un paquet de cigarette. Il est temps que tout le monde reparte c’est l’heure d’aller manger et de faire ensuite une sieste . Pour nous elle plus que nécessaire nous nous sommes partis tôt, il fait très chaud et nous sommes épuisés .

Dans l’après-midi, la pluie se met à tomber avec de bonnes rafales tournant dans tous les sens. Avant la tombée de la nuit, profitant d’une courte accalmie Domi rallonge de la chaine par sécurité.

Ensuite il prépare une soupes avec les poissons et quelques légumes. Nous sommes tous les deux complétement « naze » , moi avec un bon rhume de cerveau et ce qui ressemble à une trachéite Domi avec une angine en plus, mais nous nous régalons quand même.

Le lendemain, je vais un peu mieux mais Domi à de la fièvre et la gorge complètement bloquée il n’arrive à rien avaler, nous toussons tous les deux beaucoup. Les symptômes peuvent être liés à un refroidissement pendant notre navigation sous les grains l’autre jour mais ils correspondent aussi exactement à ceux du variant omicron et la durée de la période d’incubation laisserai supposer que nous l’aurions contracté lors de notre étape à Bitung. Covid ou coup de froid? nous ne saurons peut-être jamais mais nous décidons que l’endroit est très sécurisant et que nous pouvons rester ici quelques jours le temps de nous remettre car de toute façon la météo prévoit un temps épouvantable et des courants contraires pour les prochains jours. Bien sûr nous n’irons pas à terre ni ne laisserons plus monter personne à bord tant que nous risquons de contaminer quelqu’un. Les jours suivant d’autres villageois s’inquiètent pour nous et passent gentiment pour prendre de nos nouvelles. Une fois c’est 3 jeunes qui parlaient anglais et avec qui j’ai pu discuter, je leur ai donné l’adresse du blog. Le lendemain, c’est d’autres jeunes en compagnie d’un sous-officier de l’armée en mission d’aide à la collectivité, qui parle aussi un très bon anglais. Il nous propose d’aller faire nos courses et nous donne son numéro de téléphone en nous demandant d’appeler si nous avons besoin de quoique ce soit. Puis c’est l’équipage du bateau de pêche, venu aussi se mettre à l’abri pendant le mauvais temps, qui nous apporte des bananes. C’est vraiment trop gentil! Tous ces gens sont adorables!

Parlez moi de la mousson !

Le 12/02/2022 partis de Manado en fin de matinée après nos courses expresses nous arrivons avant la nuit devant le village de Kumu dont l’anse protégée entre deux pointes largement entourées par un recif de corail qui brise la plus grande partie de la houle du large. Un parc à poisson nous barre la route la partie la mieux protégée de l’anse mais le fond remonte déjà à 7 mètres, çà ira pour la nuit. Les pêcheurs très nombreux sur leur barques multicolores rentreront jusqu’à tard dans la nuit nous rasant les moustaches par curiosité mais aussi parce que nous sommes juste dans le passage de l’entrée de leur plage. Ce soir nous ne veillons pas tard et nous nous endormons avec le dernier appel à la prière .

Dés l’aube nous levons l’ancre: c’est le meilleur moment de la journée , il ne fait pas trop chaud et les lumières sont belles. Nous prenons notre petit déjeuné tranquillement une fois en mer et sous voile en profitant du paysage qui défile à 5 nœuds malgré le vent faible car nous avons un peu de courant avec nous .

Nous n’avons pas encore tout à fait décidé notre destination pour ce soir. Nous avons évoqué la possibilité de s’arrêter devant la plage de Poigar à une vingtaine de milles mais en passant la pointe de Lampangi le vent se lève franchement et nous filons vent de travers à 7 noeuds vent de travers dans une dizaine de noeuds de vent de secteur nord vers la baie de Bolaanguki qui semble un bien meilleur abri à une quarantaine de milles. Trajet rapide et confortable en perspective. Mais il nous faut très vite déchanter. Devant nous d’énormes nuages noirs d’encre s’amoncellent sur tout l’horizon. Pourtant rien de particulier n’est annoncé sur aucun des modèles que nous consultons (ECMWF, GFS et ICON) La pluie arrive et le vent commence à tourner à l’Ouest en forcissant à 17 nds puis 22 nds nous faisant rapidement prendre un ris puis remplacer le foc par la trinquette. Nous sommes maintenant au près serré et le vent dans l’axe de la route il nous faut tirer des bords dans une mer qui devient formée et très courte la petite houle et le courant venant buter contre le vent. Rêve à Deux tape beaucoup et il tombe des trombes d’eau. Nous somme obligés de virer fréquemment pour rester sur un bord favorable. Pas envie de mettre un ciré on fait donc nos virements tous les deux en slip sous la pluie battante et les cascades qui s’écoulent de la voile et des panneaux solaires. Au premier virement on se dit qu’une bonne douche çà ne fait pas de mal, au deuxième on serre un peu les dents et au quatrième on commence à en claquer en se demandant comment sous un climat aussi chaud l’eau qui se déverse du ciel peut être aussi froide. Morale: une douche (froide) çà va 10 douches bonjour les dégâts, la prochaine fois on prendra le temps d’enfiler un ciré. Nous n’avions jamais vu une pluie aussi violente, la mousson c’est vraiment impressionnant! Le vent et le courant varie beaucoup en direction et en force, nous obligeant parfois à appuyer un peu au moteur pour continuer à avancer dans cette marmite sans être obligés de surtoiler. On peut s’étonner que nous trouvions difficiles de telles conditions après tout nous n’avons pas enregistré plus de 25 noeuds et encore en courtes rafales, et les vagues n’ont pas dépassé 1,5 m (mais avec une période de 2 secondes). Mais l’ensemble des facteurs mis ensemble et amplifiés par les déluges de la mousson et la rapidité des changements rends la navigation dans ces moments très particulière et sans doute plus impressionnante qu’une trentaine de noeuds dans les quarantièmes. Nous nous sommes d’ailleurs rendus compte sur l’AIS qu’un petit cargo, qui nous rattrapait avant le début de ce grain prolongé, n’avançait pas plus vite que nous depuis et suivait une route encore moins rectiligne. Ce temps exécrable durera jusqu’à la tombée de la nuit mais fort heureusement se calme quand nous approchons de notre but et c’est vers 19:00 avec un beau clair de lune que nous entrons a Bilaanguki (dont l’entrée est balisée!) et mouillons au fond de cette grande baie bien protégée.

Après une bonne nuit de sommeil et toute un matinée de repos nous décidons de pousser jusqu’à Domisil Bay à 10 milles de là histoire de continuer à avancer un peu. Même si il y a des trimarans/pontons de pêche au carrelet un peu partout dans toute la baie celle-ci est suffisamment grande pour accueillir plein d’autres bateaux , sur un fond de vase de 17 mètres. La présence de ces dispositifs de pêche particuliers est toujours rassurante et gage d’un abri convenable et d’un bonne tenue des fonds mais pour dormir tranquille on ne néglige pas pour autant de mettre l’alarme de mouillage. Des pêcheurs rentrant chez eux s’arrêtent pour discuter un peu avec nous (merci google) ils sont particulièrement intéressés par notre parcours, ils ne voient manifestement pas beaucoup de plaisanciers, on leur demande s’ils ont du poisson à vendre. Ils n’en n’ont pas mais ils font signe à une deuxième pirogue qui passe, eux ils en ont et on se retrouve avec un superbe mulet. Nous profitons d’un beau couché de soleil au calme et à l’abri. Mais je ne sens pas très bien, sans doute la fatigue de la veille et je vais me coucher tout de suite.

Le lendemain (15/02/2020) nous partons tout de même tôt pour profiter du beau temps de la matinée. L’objectif de la journée la petite baie Kambal une vingtaine de milles plus à l’ouest. C’est un endroit idyllique grande plage avec deux bivouacs utilisés par les pêcheurs pendant la journée , et un récif de corail de chaque côté de l’entrée brise la houle du large. C’est superbe mais nous avons la flemme de descendre à terre ou même de nous baigner je suis un peu enrhumé et Domi bricole à bord .

Finalement à marée haute la houle pourtant pas très élevée passe par dessus le récif (il faut dire que le marnage est ici de 2 mètres) et la nuit est plutôt inconfortable. J’ai très mal dormi et mon rhume ne s’améliore pas j’ai la tête en compote Domi commence à avoir aussi mal à la gorge. Nous avons du prendre froid sous la pluie l’autre jour, c’est sûr. Au petit matin nous reprenons la mer mais c’est Domi qui assure jusqu’au prochain mouillage .

De Lambeh à Manado

Nous quittons le détroit de Lambeh à nouveau par le nord pour continuer notre progression vers l’Ouest , le temps est beau avec juste quelques nuages à l’horizon mais rien de bien sérieux .

Un de nos modes de navigation favoris est de faire du cabotage en s’arrêtant dans un mouillage différents tous les jours, nous avions déjà fait cela en Patagonie et nous allons essayé de le faire pour cette partie du voyage .

Première étape, 10 milles au Nord-Ouest de Bitung: Blue Bay à la pointe sud de l’île de Bangka. C’est un très bon mouillage, abrité de tous les vents et de la houle du large .

L’endroit est paradisiaque . Une demi-douzaine de ces genres de grands trimarans à cabanes traditionnels utilisés pour la version locale de la pêche au carrelet encombrent l’entrée mais ne nous empêchent pas d’aller mouiller tout au bout entre un « live aboard » (bateau de plongée) et une jolie goélette. Par contre le fond est à plus de 30 mètres. C’est une première pour nous et Domi doit rallonger nos 75 mètres de chaîne par un câblot textile pour respecter la règle du sacro-saint minimum de 3 fois la profondeur. Domi stress un peu car la manip est délicate et il s’inquiète surtout pour quand il faudra remonter l’ancre, mais il n’y a pas de vent et tout se passera bien , par contre pas sûr qu’on le refasse…

Nous allons à terre pensant peut-être profiter du resto du resort pour s’offrir un petit repas sympa, comme on avait fait à Bitung. Nous abordons en annexe sur la plage et approchons du bar qui se trouve juste sur le bord. Blue Bay Dive Resort est réputé pour ses plongées magnifiques et son cadre enchanteur. Mais pour nous, à peine franchi le muret qui sépare le bar de la plage, c’est « arrêt sur image ». On se fait aussitôt interpeler par une personne vociférant dans un anglais au fort accent germanique qu’elle ne comprend pas comment nous avons pu pénétrer sur son île dont elle nous demande littéralement de « foutre le camp » immédiatement et nous chasse sans ménagement en nous expliquant que son resort est un lieu de quarantaine et que personne ne doit approcher de son île ni de son live aboard (le bateau de plongée mouillé en face). Un paradis privé comme il y en a beaucoup dans le monde mais qui se transforme maintenant en prison pour ceux qui y sont enfermés dans un cadre certes magnifique mais prison quant même et ces quelques touristes privilégiés ne verrons de l’Indonésie qu’une plage de sable blanc entourée d’un massif de corail. Nous comprenons que la gérante de ce centre de plongée veuille à tout prix conserver son label de lieu de quarantaine pour continuer à attirer quelques clients étrangers en ces temps difficiles mais une ou deux pancartes judicieusement placées sur la plage aurait suffit à nous dissuader de débarquer et la situation ne la dispensait de toute façon pas de la plus élémentaire politesse. Nous nous excusons sans approcher plus et repartons illico dans la direction opposée. Je profiterai tout de même d’une rapide plongée libre avant la tombée de la nuit dans le lagon de l’autre côté du resort.

Au matin nous reprenons notre route. Nous faisons l’impasse sur les autres îles qui débordent la point Nord Est de Salwaisi. Les seuls endroits accessibles sont accaparés par des resorts, sans doute aussi transformés quarantaine au paradis).

Nous longeons la côte à moins de 2 milles pour profiter au maximum du paysage. Rêve a Deux glisse sur une mer parfaitement plate par 6 a 8 noeuds de vent.

Si la plupart des resorts ont fait preuvent beaucoup de goût pour l’intégration de leur bâtiments à la nature environnante il en est un qui n’a pas été de main morte dans la direction opposée et a carrément gâché le paysage

Sur notre tribord, côté large, on aperçoit les îles Bunaken et le cône du volcan endormis Manado Tua. Le parc national de Bunaken est un paradis de la plongée célèbre dans le monde entiers pour ses eaux limpides, sa faune sous marine extraordinaire et ses tombants vertigineux. L’à-pic est d’ailleurs tel que pour un bateau comme le notre il est tout à fait impossible d’ancrer où que ce soit dans l’archipel. Le seul moyen d’y aller est par l’intermédiaire de l’un des nombreux centres de plongée.

Le « Cruising Guide Indonesia » nous indiquait un très bon mouillage juste en face dans la baie de Kima Badjo devant d’ailleurs un centre de plongée qui aurait un excellent restaurant est serait très accueillant pour les voileux… Un grain menace quand nous entrons dans la petite baie mais grosse déception, toute la place disponible est occupée par des radeaux de pêche / ou parc à poissons. Pas la moindre chance d’y trouver le moindre espace pour poser notre ancre. Nous ressortons de la baie juste avant la pluie en laissant l’orage éclater derrière nous ouf.

La seule étape restant possible pour ce soir est Manado, capitale de la province de Nord-Sulawesi. C’est une grande ville de sept cent milles habitants. Elle s’étend sur 10 mille le long de la mer, mais à quelques dizaine de mètres de la côte les profondeurs sont vertigineuses et en plus l’immense baie est grande ouverte sur le large. Nous avons beaucoup de chance ce soir, toutes les prévisions s’accordent pour annoncer des vents de terre et une petite houle de Nord Est nous serons donc bien à l’abri.

Il nous faudra longer les 2/3 de la ville pour trouver un fond à peu près plat dans la zone des 20 mètres ou jeter l’ancre pour la nuit. Et çà tombe bien c’est le plein centre ville. On est juste devant le Mac-do et le KFC et il y a un petit escalier pour débarquer. Par contre pas question d’y laisser l’annexe, il y a malgré tout trop de houle. Nous irons donc à terre à tour de rôle. Pour ce soir c’est moi qui vais faire un tour et je vais m’imprégner de la vie citadine pour une heure en essayant de trouver quelque chose à manger qui nous sortira de notre ordinaire et bien que dalle! le super marché Multimart du Mega Mall est très décevant et sur les étalages à moitié vide je ne trouve presque rien .

Dés que le jour ce lève j’amène Domi à terre. Il va chercher du gasoil chargé de ces deux bidons de 20 litres. Il y a 2 station à 500 m du quai, mais celle qui vend le fameux DEX (faible taux de souffre, non subventionné) n’est pas encore ouverte et il doit attendre un peu. Il revient au quai les bras un peu plus long style orang-outan mais il est content d’en avoir trouvé.

Après un petit déjeuné bien mérité et copieux il retourne à terre pour un raid sur le supermarché Jumbo Pasar en espèrant qu’il soit mieux achalandé que le Multimart. C’est fort heureusement le cas et même si le rayon surgelé reste très pauvre au moins le rayon des fruits et légumes est très bien et il y a même du Tofu et du soja frais. Il revient les bras chargés (et qui continue à s’allonger dit-il). Nous sommes sauvés! On pourra manger frais encore une bonne semaine. Il est à peine 10 heures nous pouvons repartir!

Et il est temps d’y aller le vent monte et un orage se profile à l’horizon. La baie est grande ouverte aux vents de secteurs du Sud Ouest au Nord Ouest nous n’aimons pas le petit clapot qui se lève. Bye bye Manado et tes volcans , nous devons continuer.