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En explorant la pointe de Kasuari (Sorong)

Cet après midi , Il ne fait pas trop chaud le ciel devrait rester couvert un temps idéal pour aller marcher un peu: on en a pas eu tellement l’occasion depuis que nous sommes en Indonésie. Nous décidons d’aller explorer la pointe de Kasuari, cette péninsule qui délimite l’extrémité Nord Est de la baie de Sorong à 5km de la marina.

Qui dit exploration dit tenue adéquate. Ce que Dominique traduit par chaussure de rando, chaussettes à rayures, pantacourt kaki, chapeau de brousse et bâton de marche. Comme il dit: tant qu’à passer pour des extraterrestres autant mettre le paquet! Il faut dire qu’étant les seuls occidentaux et les seuls individus de plus d’un mètre soixante, on ne passe pas inaperçu dans cet environnement typiquement Papou. Partout où nous passons, sommes salués par des « Hello Mister » de tout côté. Les gamins et même des adultes viennent spontanément vers nous et nous demandent de les prendre en photo ou de se prendre en photo avec nous. Nous nous plions bien volontiers au jeu.

Le seul moyen pour s’y rendre est la route principale en béton, étroite, truffée de nids de poules et bien sans aucun trottoir ou d’accotement sur lequel on puisse marcher facilement. Ajouter à çà un va et vient incessant de camions transportant des pierres et du gravier provenant d’une carrière à quelques kilomètres de là. Pas idéal pour la rando pédestre mais si on veut voir un peu du pays il faut bien y aller.

Heureusement en arrivant sur la pointe, nous pouvons quitter la route pour emprunter les ruelles tranquilles du village de Pantai. C’est une zone à très forte majorité Papou. Le village est très bien entretenu, les rues sont propres, bordées de fleurs, les cours sont bien balayées et les jardins ratissés, les plantes sont domestiquées dans des pots de fleurs pour les garder sous contrôle (sous ce climat le moindre bout de bois planté dans le sol se transforme rapidement en jungle) mais surtout il n’y a pas de déchets plastiques traînant partout contrairement ce qu’il se passe dans la plupart des quartiers des alentours de Sorong que nous avons pu voir jusqu’ici.

Au bout du chemin nous accédons une belle plage aménagées . C’est Panorama Beach. C’est jour de sortie pour les ados d’un lycée de la ville. Ils se sont installés pour l’après-midi. Piquenique, barbecue jeux de ballon et karaoké font partie du programme. Tout le monde à l’air de bien s’amuser

Nous sommes bien entendu tout de suite l’attraction (« Hello mister can you take a picture of us »- celles-ci parlaient un anglais acceptable) mais nous ne voulons pas les déranger trop longtemps alors qu’un match intense oppose leurs équipes sur le sable. Nous poussons jusqu’au bout de l’estacade est reprenons la route du retour pour être sûr de renter avant la nuit.

Sur la route du retour nous faisons un détour par un autre village papou construit tout au bord de la mer. L’endroit est aussi très propre sur l’aire de jeux construite pour les enfants, il y a même des poubelles de tri sélectif! Cà nous redonne un peu d’espoir: avec une bonne éducation et un minimum de discipline il est possible de vivre ensemble sans se laisser envahir par les déchets plastiques!

Partout nous sommes accueillis par le sourire radieux des habitants. La joie de vivre des enfants et leur bonheur de se faire photographier fait plaisir à voir.

Un peu plus loin, juste devant l’entrèe d’un « resort » nous croisons un conducteur d’ozek (scooter) que nous connaissons bien (voir ici) et qui pilote très prudemment (ce n’est pas le cas de tous) du coup, plutôt que de rentrer à pied, nous le laissons nous ramener à la marina chacun à notre tour.

15 jours de vacances au paradis des oiseaux

Mardi 16 novembre 2021, les pièces pour le moteur sont commandées, mais elles n’arriverons pas avant au moins 2 semaines. Nous n’allons pas rester attendre tout se temps là dans la fournaise étouffante Tampa Garam et de sa cacophonie de tamtam , d’appel du muezzin, de sermons de l’église pentecôtiste et des karaokés. Nous avons soif de nature et d’eau claire. On s’échappe donc dés que la marée nous permet de sortir de la marina, destination une petite baie tranquille du nord est de Batanta à une vingtaine de milles pour éviter d’avoir trop de route à faire et épargner le moteur et, vous allez voir, nous ne serons pas déçus.

Les grandes filles du coin sont venu saluer notre départ et se baigner dans le bassin, ici pas de maillot on se baigne tout habillé. Elles sont trop mignonnes et font de leur mieux pour communiquer avec l’anglais qu’elle ont appris à l’école, certaines se débrouillent très bien (surtout qu’avec la pandémie les occasions de pratiquer se font rare) d’autres sont limitées au traditionnel « Hello Mister! » mais c’est toujours un plaisir de les voir sourire .

Le vent nous abandonne à mi-parcours et la dernière dizaine de milles se fait au moteur sur une mer parfaitement lisse. Nous jetons notre dévolu sur Mariabio, une petite baie d’aspect tranquille et bien protégée au fond de la grande baie entourant la petite île d’ Ayemi sur la côte est de Batanta. C’est un très joli endroit, super protégé, entouré de forêt vierge avec une vue sur le large. Les habitations les plus proches sont à plus de deux milles, à part les oiseaux (il y en a beaucoup) on entend pas un bruit et cerises sur le gâteau, l’eau est claire sans aucun déchet plastique visible.

Pendant les douze jours que nous serons là nous ne verrons quasiment pas âme qui vive. Quelques locaux traversent la baie une ou deux fois par semaine pour remonter la petite rivière ou aller travailler sur leur jardin potager (une clairière déboisée de l’autre côté de la baie). Seules 2 pirogues sont venu nous voir: un homme avec son fils et deux jeunes qui voulaient troquer des noix de coco contre des cigarettes ou de la boisson (finalement on leur en a acheté 3) mais la conversation est restée très limité à cause de la barrière de la langue .

Les mangroves et la forêt entourant la baie de Mairibio sont l’habitat de milliers d’oiseaux et leur chants nous aide à retrouver le calme et la sérénité que la vie trèpidente de Sorong avait un peu ébréchée. Un cadre idéal pour des vacances bien méritées en pleine nature . Du matin au couché du soleil c’est un vrais concert de sifflement, roucoulement, jacassement et autres croassements et la nuits quand la lune apparait entre les nuages (ou réapparait après l’éclipse totale à la quelle nous aurons le privilège d’assister) le concert reprend de plus belle.

Pour explorer les alentours en respectant le calme de cette belle nature nous gonflons le canoë (réparé à Fulaga) , il fuit encore un peu mais pour les eaux plates de la baie et des mangroves çà devrait le faire.

Tous les matins nous pagayons jusquà notre petite plage située juste après la pointe qui ferme la baie. C’est une petite plage de sable blanc qui émerge même à marée haute et qui est bordée à une vingtaine de mètres du rivage par un superbe récif de corail, idéal pour le snorkeling . Nous nageons une bonne heure émerveillés par la multitude des espèces de coraux et de poissons multicolores. Nous y verrons aussi à plusieurs reprises de belles langoustes cachées sous une patate de corail dans à peine deux mètres d’eau. Sous un autre, nous verrons aussi un beau petit requins à pointes blanches en attendant sans doute le soir pour partir à la chasse. Autre particularité de cette plage privative de rêve, une bonne connexion 4G permettant à Domi de communiquer avec le monde et de suivre les commandes (pièces moteur, plaque inox pour réparer le halebas de bôme) et envois DHL (cartes de credits envoyées de France par Michel) . On arrive parfois à accrocher un peu de réseau au bateau en hissant le téléphone tout en haut du mat mais c’est souvent interrompus.

Autre but de promenade en kayak, les magroves qui bordent la baie et surtout la petite rivière qui les traverse et s’enfonce dans la jungle équatoriale. Nous croisons les doigts pour ne pas rencontrer un de ces crocodiles de mer qui sévissent parait-il dans la région et sont réputé pour avoir une bonne taille.

Nous sommes entourés de toutes sortes d’oiseaux. On les entend tout proche, parfois on en aperçoit quelques uns qui se faufilent dans la frondaisons, on entrevoit ici quelque chose qui ressemble à un pigeon , là à un perroquet, là encore un corbeau ou un merle on voit même un échassier genre héron passer au dessus des arbres oiseaux mais pas moyen d’en photographier un seul, ils sont trop rapides et le feuillage trop dense .

Nous essayons de remonter la rivière jusqu’au pied des collines ou un local nous à fait comprendre qu’on pouvait trouver de l’eau potable. Mais la rivière devient trop peu profonde pour continuer et la jungle qui la borde est tout simplement impraticable.

Non pas que l’eau douce soit un problème ici: pratiquement tous les jours un bel orage passe sur la baie et nous fournit généreusement en eau douce. Jeudi nous en avons même récolté 160 litres en une grosse demi-heure: ici pas besoin de dessalinateur. Douches, lessives, ici pas de restriction d’eau. Nous utilisons aussi cette eau tombée du ciel pour boire , elle manque sans doute un peu de minéraux mais elle est très pure et le kéfir n’a pas l’air d’en souffrir en tous cas il est délicieux et pétille comme un grand champagne. Je fais toujours mon kéfir avec une figue sèche mais mon stock renouvelé en Polynésie est épuisé et à Sorong nous n’en avons pas trouvé, par contre grâce à Noor le chauffeur de taxi nous avons trouver des dattes et pour remplacer nos pamplemousses favoris (depuis les Gambier c’est dur d’en trouver) j’utilise des clémentines citronnées locales qui font très bien l’affaire .

Les cartes de crédits sont arrivées à Sorong au début de la semaine. En allant à la plage Domi à pu téléphoner et à appris que les pièces moteur était en transit à Singapour et pourrait donc être disponibles courant de semaine prochaine. Les fruits et légumes et autres vivres frais sont épuisés et on a commencé à attaquer les conserves. Il serait donc temps de songer à rentrer sur Sorong. On se met d’accord pour un départ dimanche et continuons à nous faire plaisir dans ce petit paradis terrestre croyant disposer encore de plusieurs jours. Mais un matin après le petit déjeuné, en farfouillant dans son ordi Domi s’aperçoit tout d’un coup que nous sommes dimanche et que nous avons déjà passé 2 semaines ici. Pas le temps de se préparer psychologiquement à quitter ce qui restera l’un de nos plus beaux mouillages, c’est le jour prévu, il faut partir. Ni une ni deux nous dégonflons le canoë plions le taud de pluie roulons les tauds de Grand-voile et démarrons le moteur, relevons l’ancre et hissons les voiles pour rentrer vers la civilisation. Heureusement il y a un peu de vent et c’est sous grand spi que nous quittons Batanta.

La vie à Sorong

Que faire quand il faut attendre la fin du traitement et la confirmation de la commande des pièces moteurs pour repartir de ce bassin qu’on ne peut réellement pas qualifier de marina? : explorer la ville, ses quartiers et ses marchés par les moyens de transport locaux, plutôt que les chauffeurs privés que nous avions utilisé les fois précédentes, pour nous en faire une meilleur idée.

Nous commençons par le taxi scooter (ojek en indonésien). Au lieu de prendre la route habituelle, ils nous font passer par celle qui longe la mer et nous n’en croyons pas nos yeux, nous traversons des quartiers entièrement construits sur pilotis , malheureusement en scooter pas moyen de faire des photos . Ceci dit, les pilotes conduisent très prudemment , le siège arrière est plutôt confortable et au moins on a pas besoin de clim.

La première sortie n’est qu’un raid rapide sur les pharmacies pour trouver la quantité d’antibiotique manquante pour pouvoir finir le traitement. Après un détour par le marché au poisson ou nous marchandons un joli mérou nous rentrons à Tampa Garam en taxi collectif (minibus Suzuki jaune canari complètement ruiné) comme il passe par la mer aussi j’ai pu faire quelques photos des quartiers que nous avions aperçu à l’aller.

Les maisons sont construites sur pilotis sur le bord de mer, dans les mangroves ou au bord des cours d’eau. Pour traverser le caniveau pour aller magasin une petite passerelle en bois suffit: ce n’est pas un chantier, c’est une installation permanente, la taille de caniveaux est en rapport avec celle des précipitations.

Même chose aussi pour rentrer chez soi

Le lendemain Wick ( gérant de la marina, propriétaire d’Eon Engineering et patron d’Ayu) est venu à bord avec un technicien pour prendre des mesures pour réaliser une nouvelle fixation de halebas. Nous en profitons de son vehicule pour aller en ville, Peter un navigateur solitaire anglais qui est arrivé hier de Lombok ou il avait passé 8 semaines en quarantaine se joint à nous. Wick nous dépose au port de pêche et comme il est midi nous en profitons pour aller au restaurant du port en compagnie de Peter.

Petite parenthèse Fidjienne: Peter y a passé 12 mois avant de partir pour l’indonésie, il en a ramené un petit souvenir original: un billet de 7 dollar fidjien imprimé tout spécialement pour célébrer la médaille de leur équipe de Rugby 7 aux jeux olympiques de Tokyo. Il y en a eu très peu d’émis, les fans de rugby ce les sont arrachés (j’espère que ceux de la famille en seront jaloux.

Nous laissons Peter faire ses courses au supermarché Saga et nous nous dirigeons vers le marché local.

Les scooters peuvent ici transporter jusqu’à 4 personnes . Le 4 ième est souvent un enfant entre les cuisses de son père qui conduit . Rassurez-vous, nous nous contenterons d’un scooter avec conducteur chacun c’est plus sûr!

Le marché est aujourd’hui beaucoup plus animé que la dernière fois.

Pour finir nos courses nous allons jusqu’au marché aux poissons. Après le marchandage du mérou beaucoup de vendeurs nous reconnaissent et on est bien accueillis. Aujourd’hui, nous repartons avec un kilo de calmars bien frais.

Par contre il ne faut pas regarder à ses pieds. Sous les planches glissantes qui forment le plancher de la halle aux poissons s’entassent toute sortes de déchets et d’immondices. Il ne faut pas trop regarder non plus au alentours. Le traitement des ordures (ou son absence) est ici un problème à résoudre d’urgence.

Nous repartons en taxi collectif

Retour d’urgence vers Sorong

Comme expliqué dans l’article précédent, une petite plaie infectée nous oblige à rentrer sur Sorong pour trouver les antibiotiques prescrits par le médecin. Nous devons y être d’ici deux jours soit une bonne cinquantaine de milles par jour. Autrement dit, compte tenu des conditions générales de vent faible et du moteur que nous devons ménager (la pompe de liquide de refroidissement donne des signes de faiblesse) il va falloir faire de longues journées et profiter de chaque risée pour y arriver. Lundi matin (8/10/2021), première heure, nous levons l’ancre sous un ciel chargé.

A peine sortis du labyrinthe des îlots de Wayag nous sommes vent de travers dans 6 à 7 nœuds de vent d’est. Nous apercevons un grain venant dans notre direction mais comme il ressemble à un grain orageux ordinaire et que nous pensons passer juste devant lui nous n’y prêtons guère attention. Grave erreur! En fait il se dirige droit sur nous et il est précédé d’une rafale très violente (l’anémomètre est monté à 50 nœuds). Rêve à Deux a toute sa toile, pas le temps de réduire ou même de choquer les écoutes, il se couche immédiatement sur l’eau comme un vulgaire engin de plage qui dessale. A l’intérieur c’est l’enfer. Le petit déjeuner que Domi avait préparé (salade de fruits frais et de fromage blanc) et laissé sur le plan de travail de la cuisine en attendant qu’on le mange tout à notre aise une fois en pleine mer dans le petit temps prévu pour ce début de matinée, fait le vol plané du siècle et vient s’écraser sur le tableau électrique de la table à carte. Tout ce qui n’était pas dans un placard fermé ou bien calé à sa place traverse le carré et se retrouve par terre. Heureusement la rafale ne dure que quelques minutes, à peine le temps d’enrouler de foc, le vent est redescendu à 20 noeuds et on reprend notre route normalement, il n’y a plus qu’à nettoyer les dégâts .

Quelques minutes plus tard un grand bruit se fait entendre au niveau du pied de mât : c’est la fixation du hale-bas de bôme sur le mât qui s’est arrachée. Domi pour une fois ne s’énerve pas, nous affalons la grand-voile immédiatement et il remplace le hale-bas rigide par un palan, brélé avec du dyneema sur l’embase du mât. On peut renvoyer la toile (entre temps, le vent s’est complètement calmé) et naviguer comme avant. On verra à Sorong si on peut faire fabriquer quelque chose de plus définitif. Dans ce passage entre Wayag et Kawe le courant traversier est violent et il nous faut avancer aussi vite que possible pour éviter d’être entrainés loin de notre route.

Domi a bien mérité un peu de repos la jambe en l’air pour la faire un peu dégonfler.

Un joli oiseau de mer à tête blanche et au long bec vient se réfugier sur les panneaux solaires en attendant que la pluie cesse.

Nous passons à nouveau l’équateur toujours sans nous en rendre compte. En voyant ces bateau de pêche nous avons l’impression d’être immergés dans une de ces BD de science fiction .

Nous nous arrêtons pour la nuit à notre fameux 4G lagon que nous quittons le lendemain au levé du jour. Le vent n’est qu’un faible zéphire asthmatique mais sur cette mer lisse comme un miroir il nous pousse gentiment à trois ou quatre nœuds. Nous contournons ainsi Gam et nous présentons à la pointe sud-ouest de Mansuar. Et là, c’est l’arrêt buffet! Le vent, pourtant, est monté un peu et nous frisons les 5 nœuds au speedo, mais sur le fond, nous bougeons à peine tant le courant venant du détroit de Dampier est fort. On se maintient en position tant bien que mal en nous disant qu’avec la renverse de la marée le courant devrait s’inverser et comme c’est dans moins d’une heure on peut prendre notre mal en patience. Mais le temps passe et le courant ne se renverse pas. Il ne faiblit même pas, ce n’est pas un courant de marée, c’est une composante du courant équatorial . Finalement le vent d’ouest monte à 10 – 12 noeuds Malgré les gros nuages qui montent sur l’horizon, nous décidons d’envoyer le spi et de 5 noeuds nous passons à 7+, ce qui ne fait jamais que 3 noeuds sur le fond, mais nous passons!

Avant la tombée de la nuit, nous affalons le spi et bien nous en a pris car quelques heures plus tard l’orage gronde à nouveau et c’est sous une pluie battante que nous approchons de Sorong . A deux heures du matin nous mouillons devant le village des pêcheurs de l’île de Ram juste en face de Tampa Garam. Quelques heures de sommeil et nous sommes réveillés par le muezzin du village appelant à la prière du matin. Nous avons tout le temps de préparer le bateau et de rentrer à la marina avec la marée haute à onze heures.

A peine amarrés nous commandons un taxi pour aller à la pharmacie en ville. La pharmacie a bien l’antibiotique prescrit mais, eux aussi, seulement en quantité nécessaire pour trois jours. C’est déjà çà, le traitement de Domi ne sera pas interrompu! On trouvera le complément le lendemain dans une autre pharmacie. Nous en profitons pour dévaliser leur stock de pansements stériles et de quelques autres médicaments qui manquaient à bord.

De Sorong au parc national de Raja Hampat

C’est un grand soulagement de quitter enfin Sorong pour le parc de Rajah Hampat (çà signifie les 4 rois) qui s’étend jusqu’à 100 milles au nord .

Mais avant d’y arriver, nous faisons étape dans une baie étroite de la côte ouest de Batanta. On mouille en pleine forêt équatoriale complétement abritée de tout les vents. Les arbres des 2 rives hébergent des milliers d’oiseaux et leur chants s’élevant dans le silence de la nature est pour nous un vrais plaisir après la cacophonie urbaine de Tampa Garam. Si quelques uns de ces chants nous semblent familiers, la plupart de des cris et sifflements nous sont parfaitement inconnus,

Avant la tombée de la nuit un pêcheur est venu nous dire bonjour mais la conversation c’est limitée au langage des gestes, ils ne parlent pas un mot d’anglais et nous nous pas plus d’Indonésien.

C’est un grand bonheur de se retrouver seul dans cette nature vierge…

… ou presque

L’Indonésie est immense pays de 250 millions d’habitants ou la consommation prime encore sur la protection de l’environnement et le manque d’éducation et d’infrastructure dans ce domaine est flagrant. Les pluies torrentielles et le courants font le reste: la bouteille de soda laissée ici ou là se retrouve rapidement en mer.

Rajah Ampat c’est quelques grandes îles et des dizaines d’autres, plus petites. Partout il y a des baies abritées ou on peut ancrer en sécurité même si certaines sont très profondes. Cela permet d’avancer par petites étapes, 10 à 15 milles par jours, c’est vraiment cool. Par contre on est à l’équateur, il fait très chaud et il faut bien se protéger du soleil qui est redoutable.

Les fonds sont magnifiques très clairs et très poissoneux. Ce matin, ici à Besir, les raies mantas sont venues jouer avec nous autour du bateau

Depuis que nous avons quitté l’Océanie tropicale pour l’Asie équatoriale tout est différent y compris les gens, les bateaux de pêche , les maisons et même les courants qui ne s’inversent pas avec la marée et qui sont très mal documentés.

Nous remontons tranquillement vers le nord et nous passons l’équateur une première fois.

Escale pour la nuit au lagon « 4 G » (Pulau Mutus ainsi surnommé car c’est l’une des rares îles à disposer d’un relais) si petit au milieu de nul part mais si mignon. Il est entouré non pas de corail mais de banc de sables. Au matin alors que nous sommes encore au lit, un pêcheur vient nous réveiller pour vendre une superbe langouste: çà vaut le coup de se lever!

Un autre mouillage sympa à Minyaifun entre deux îles. Quand il n’y a pas de grains, le vent est en général plutôt faible, pour ce déhaler entre 2 îles on se contente du spi seul.

La rencontre des courants entre les îles génère par endroit des concentrations de déchets (essentiellement plastiques) et de bois flottés pouvant aller de la petite branche à l’énorme tronc d’arbre: prudence de rigueur.

Le cinquième jours nous arrivons à l’île la plus célèbre et sans doute la plus spectaculaire de cette région: Wayag

C’est un labyrinthe de pains de sucre baignant dans une eau limpide. Nous sommes dans le sanctuaire du parc, il est donc interdit de pêcher aussi pas d’autochtones, cet amas de rochers escarpés couvert de végétation semble de toute façon parfaitement inhabitable. En plus, par ces temps de COVID les touristes et les bateaux de plongée qui fréquentent normalement ces eaux sont complètement absents. Nous sommes absolument seuls dans ce décor de rêve: c’est magique!

oui mais voilà Domi c’est fait abimé un orteil il y a déjà quelques temps mais depuis deux jours sa jambe a enflée, ce n’est pas joli à voir et les soins sur la blessure ne suffisent manifestement pas. Pour savoir quoi faire et éviter que çà ne s’aggrave il appelle le Centre de consultation médicale maritime (CCMM) au CHU de Toulouse par iridium. Le verdict tombe: antibiotique à forte dose pendant sept jours! On s’y attendait Malheureusement, à bord, nous n’en avons que pour 2 jours, il nous faut donc retourner rapidement à Sorong .

Les marchés à Sorong

Un fois la quarantaine passée et tout la paperasserie administrative terminée, nous n’avions pas l’intention de ne pas passer plus de temps ici à Sorong. On s’est contenté du weekend (les autorités sanitaires nous ont relâchés comme prévu vendredi en fin d’après-midi) pour faire le ravitaillement avant de partir découvrir l’archipel de Rajah Ampat, le fameux parc national dont tout le monde parle tant. Nous reviendrons nous réapprovisionner dans un mois et nous aurons peut-être le temps de faire plus ample connaissance avec Sorong .

Nous louons une voiture avec chauffeur pour quelques heures (le prix est le même qu’une course de quelques minutes en taxi dans une ville moyenne française). Il faut courir d’un bout à l’autre de cette ville tout en longueur pour trouver un ATM qui accepte nos cartes et distribue plus de 1 million de roupies (60 euros) à la fois, acheter un téléphone pas cher (la douane nous demandait une taxe de 120 euros pour que le nôtre soit accepté sur les réseaux indonésiens) et passer aux supermarchés. Mais ce qui est vraiment intéressant ici se sont les marchés. Au premier, il n’y a pas une grande activité , nous sommes dimanche matin. C’est très bien pour nous, pas de bousculade ni stress, mais les étalages sont hauts en couleurs particulièrement ceux des légumes et du poissons.

Le deuxième marché est plus typique et c’est un vrai labyrinthe ou l’on vend absolument de tout. Contrairement à ce que nous pensions, dans ces marchés on ne semble pas marchander, les prix annoncés sont à prendre ou à laisser. Par contre on a la très nette impression que certain commerçants font des prix « spécial touristes » certes encore très abordables en regard des prix européens mais nettement plus chers que ceux proposés aux locaux.

Le point de repère pour retrouver Iki, notre chauffeur, c’est la mosquée. A Sorong trois religions principales sont présentes. Traditionnellement les Papous (nous sommes en Papouasie Occidentale) sont protestants adventistes tandis que les indonésiens venus s’établir ici sont en majorité musulmans, il y a aussi une minorité catholique. La musique est présente partout et depuis très tôt le matin jusqu’à tard dans la nuit les chants se font entendre qu’ils soient prières, karaokés ou chansons populaires et, juste où faux, tout le monde chante …

Nous passons sans transition des fruits aux vêtements et chaussures continuons par la vaisselles décorées …`

… pour finir par les couturiers

Nous compléterons nos courses en épicerie est conserves dans deux supermarchés qui ne sont pas trop mal achalandés si on ne cherche pas de produits occidentaux. Parmi les produits introuvables on notera les fruits secs, céréales petit déjeuner, biscottes ou crackers, on trouve du pain de mie mais c’est une denrée de luxe. Mais ce qui frappe surtout c’est la présence d’emballages plastiques, des rayons entiers de friandises emballées individuellement, des sacs distribués généreusement au caisse. Ceci combiné à l’absence de système de collecte des déchets: chaque quartier semble se débrouiller pour brûler ses ordures d’une façon ou d’une autre, d’éducation environnemental (les enfants de la marina était très surpris quand nous leur avons demandé de ne pas jeter les papiers des bonbons qu’on venait de leur donner par terre) et aux pluies torrentielles fréquentes fait que tout ces emballages et autres sacs plastiques se retrouve très vite à la mer. Dans le bassin de Tampa Garam nous en avons ramassé tous les jours des dizaines et en pleine mer les courants en charrient des milliers…

A la marina de TAMPA GARAM

Arrivée à la marina après une nuit ancré à l’extérieur pour attendre la marée haute

l’entrée est très étroite et il n’y a pas beaucoup d’eau même à marée haute, mais à l’intérieur c’est la protection totale! Par contre cette excellent protection veut dire aussi pas de petite brise pour rafraichir ni pour chasser les insectes..

Tous les jours après l’école les enfants du village voisin viennent prendre leur bain dans le bassin de la marina . Les plus grand s’occupent des plus petits et tous savent nager . Ils adorent parler une autre langue et nous échangeons quelques mots , ils sont vraiment plus doué que nous …

Village lacustre derrière la marina

Heureusement que nous avons un taud de soleil, la journée il fait 35° à l’ombre. Le soir nous le changeons contre le taud de pluie et très souvent l’orage nous apporte de la fraîcheur pour la nuit.

La marina était jadis entourée d’un complexe hôtelier de luxe (Tampa Garam Beach resort) mais le business a périclité. Il n’y a que la piscine et quelques bungalow qui fonctionne encore, le reste tombe en ruine et s’est transformé en un grand terrain de jeu pour les enfants.

Mais bon, l’endroit est sûr (pas de vols) et pour une quarantaine de cinq jours….

De Savusavu à Sorong: les photos

Avant de partir nous sommes allés à l’hôpital de Savusavu pour faire un test PRC (Covid)

Dernier petit resto avant le départ le lendemain (vous noterez sur le menu que la langouste est presque au même prix que le hamburger; 14$ fidjiens = 5,74 Euros )

Salut les Fidji

A peine sortie des îles que l’on pêche une petite bonite

Approche des îles Salomon

« Cloud Atlas »

Pour changer, un barracuda et de bonne taille

Volcan Kadovar en éruption

On est pas tout seul sur cette route , il faut surveiller !

L’orage nous cerne de tous les côtés, un fou vient se poser sen haut de notre mat et restera avec nous jusqu’au matin sans faire de dégâts sur nos precieuses girouettes

Et la série n’est pas fini jusqu’à Sorong ils nous suivent et nous lâchent pas Il fait très chaud et humide

Arrivée par calme plat à Sorong après 26 jours et 3200 milles

Quarantaine à Sorong

Malgré les calmes nous avons reussi à arriver Samedi 23 Octobre en début d’après-midi. En surveillant de prés le niveau de liquide de refroidissement et en recyclant la fuite nous avons même reussi à utiliser un peu le moteur pour nous affranchir des calmes blancs des derniers milles. 3200 milles bouclés en 26 jours dans beaucoup de petit temps et de vents très variables, on s’en est pas trop mal tirés.
L’entrée de la baie est sillonnée d’embarcation de pêche, pirogues individuelles primitives ou long boat à moteur. Première nuit au mouillage. Après tous ces jours avec pour seul bruit, celui de la mer et du vent, le choc de se retrouver soudain entourés de haut parleurs est brutal. Entre l’appel du muezzin, le karaoké du coin et le prêche continu de l’église adventiste on s’en prend plein les oreilles.
Il faut attendre la marée haute du lendemain matin pour rentrer à la marina de Tampa Garam. Wick (propriétaire du chantier Helena Marina en amont de la rivière qui coule au fond de la baie et qui gère celle-ci aussi) nous attend sur le quai et Paul du bateau Exacalibur vient avec son zodiac pour nous guider à l’entrée et amener nos haussières à terre.
Le terme marina est un bien grand mot, en fait un bassin rectangulaire, abritant quelques vieilles épaves, entouré de ce qui a dû être un hotel/resort de luxe mais dont une moitié seulement est encore en service et l’autre se délabre rapidement. Il y a tout de même 6 voiliers amarrés là dont quatre sont occupés. Loin de la brise du large, la température (34°C) devient écrasante. Sans rien faire on transpire en permanence nous obligeant à boire des litres d’eau pour compenser et éviter la déshydratation.
Lundi matin à 10:00 Ayu est là avec les officiels du service de santé/quarantaine. Ils nous demande de les rejoindre à terre. Après avoir manipulé des liasses de documents dont nous avons signé plusieurs pages on nous fait des test rapides qui bien entendu sont négatifs. On peut se balader dans l’enceinte de la marina, çà nous permettra de nous dégourdir les jambes (après 26 jours de mer çà fait un bien fou), mais pour en sortir et être complètement libérés , il faudra attendre le deuxième test , Vendredi .
L’après-midi nous avons la visite de l’immigration. Ils viennent à bord et repartent avec nos passeports. Entre temps, Diana et Bruce du catamaran Toucan nous ont gentiment proposé de nous faire quelques courses et nous ont ramené fruits et légumes qui commençaient à faire défaut après presque un mois en mer.
Pour les remercier et faire connaissance nous les avons invité à bord pour l’apéro. Di et Bruce naviguent dans le coin depuis 2 ans et sont une mine de renseignements utiles. Bruce nous donne une copie de la base de donnée qu’il a créée à partir des infos sur tous les endroits où ils ont mouillé. On passe une soirée très sympathique avec eux. Comme vous le voyez, cette quarantaine de 5 jours ne commence pas trop mal!
Pendant ce temps là, Ayu est revenue avec nos passeport tamponnés et la carte SIM qu’on attendait avec impatience. Malheureusement pas moyen de la faire fonctionner. Nous apprendrons plus tard (merci Dominique de Seayou) que le téléphone doit être au préalable enregistré par la douane. Douane qui ne pourra venir nous voir que Jeudi puisque ce Mercredi 26 Octobre est férié.
Donc pour plus d’images sur ce blog ou les appels WhatsApp à la famille et aux copains il va falloir patienter encore un peu…

Incertitudes et fin du Pacifique Sud

Nous approchons du but, encore une grosse centaine de milles est nous serons à Sorong. Arrivée demain donc? Pas sûr du tout! Ici les prédictions de vent sont pour le moins fantaisistes et comme nous sommes pile-poil sur l’équateur, le régime pot au noir est de rigueur: alternance de calme et de grains. En plus, le relief de la côte très escarpé crée des perturbations complexes dans le flux des masses d’air. Hier soir nous avons identifié un sommet à près de 3000 m et ce matin nous longeons une côte qui n’est pas sans rappeler celle du Nord de la Galice. Comme si les caprices d’Eole ne suffisaient pas, depuis une semaine, nous n’avons plus la resource de s’aider du moteur pour traverser les calmes, il a une fuite de liquide de refroidissement (vase d’expansion fêlé – lui aussi, je vous le disais bien qu’il n’y avait pas que moi) on préfère donc éviter de s’en servir. Aucune clarté non plus sur ce que va devenir le courant equatorial du Pacific Sud qui nous a bien aidé depuis le détroit de Vitiaz (jusqu’à 1,5 noeuds de bonus): se partage-t-il entre la mer des Molluques et celle de Ceram? S’inverse-t-il? Mystère! les Pilots charts ne sont pas très claires sur ce point. Nous avons assisté hier soir à sa rencontre avec le courant de marée sortant de la baie de Cenderawasin: une veritable rivière à 60 milles en pleine mer, changement brutal de vitesse et de direction du courant et une grande quantité de branches, de tronc d’arbre et autres détritus sur la zone de transition. Pas facile donc de faire des prévisions d’arrivée dans ces conditions.

Alors on fait de la voile intense, on est pas tout à fait en mode Figaro mais pas loin. Ce n’est pas tant qu’on cherche la performance à tout prix mais les changements de direction et de force du vent sont tels que pour ne pas rester sur place ou pire, revenir en arrière, il ne faut pas hésiter à manoeuvrer, empanner au bon moment pour profiter du grain, prendre un ris quand la raffale s’annonce plus forte, virer à la refusante, renvoyer de la toile dès que çà molli et même hisser le spi si aucune menace ne plane à l’horizon. D’habitude je note scrupuleusement toute manoeuvre ou changement de cap sur le livre de bord mais pour la journée d’hier je me suis contenté d’écrire: nombreux virements de bord et empannages. Inutiles de vous dire qu’on ne dort pas beaucoup, mais quand on y va c’est du béton!

Incertitude aussi au niveau de la clearance.

En passant le détroit de Vitiaz nous avions reçu un mail d’Ayu notre agent à Sorong nous disant que l’immigration lui avait dit que nous pourrions pas entrer chez eux par ce port malgré nos visas déjà acceptés. Il fallait obligatoirement aller à Nunukan (côte Nord Est de Bornéo, juste à la frontière avec la Malaisie), l’un des deux seul point d’entrée en Indonésie pour les étrangers arrivant par mer, l’autre étant sur une petite île juste en face de Singapour…1200 milles de plus, aucun détail sur mes cartes mais apparement un estuaire de rivière avec des courants épouvantables. S’en suit un échange de mail dans lequel nous évoquons le fait qu’on aurait pas assez de vivres, fuel et eau pour aller jusqu’à là bas et que de toute façon on a pas les cartes nécessaires, et que, donc, par mesure de sécurité il faudrait bien qu’ils nous acceptent. La réponse est revenue quelques jours plus tard: Vous êtes les bienvenus à Sorong. Merci Ayu! On pourra aller directement à la marina quand on arrive ce weekend, les officiels passerons nous voir Lundi et on devra faire une quarantaine de 5 jours à bord avant de pouvoir descendre. On verra bien à quelle sauce on va être mangé, on vous tiens au courant.

Avec ces quelques dizaines de milles qui nous reste avant l’arrivée à Sorong, s’achèvera notre périple dans la Pacifique Sud. Nous l’aurons parcouru de long en large (comme en témoigne notre trace sur la carte ci-dessous) amassé tant de souvenir merveilleux de paysages extraordinaires et de rencontres inoubliables. Quel sera notre prochain océan? L’Indien? Le Pacifique Nord? L’avenir le dira. Pour l’instant on va déjà entrer en Indonésie et profiter de Rajah Ampat pour quelques semaines…